ui etait si bien d'accord avec mes desirs.
-- Le roi se porte bien?
-- A merveille.
-- Et M. le Prince aussi?
-- Comme toujours, monsieur.
Le comte oubliait Mazarin: c'etait une vieille habitude.
-- Eh bien! Raoul, puisque vous n'etes plus qu'a moi, je vous
donnerai, de mon cote, toute ma journee. Embrassez-moi...
encore... encore... Vous etes chez vous, vicomte... Ah! voici
notre vieux Grimaud!... Venez, Grimaud, M. le vicomte veut vous
embrasser aussi.
Le grand vieillard ne se le fit pas repeter; il accourait les bras
ouverts. Raoul lui epargna la moitie du chemin.
-- Maintenant, voulez-vous que nous passions au jardin, Raoul? Je
vous montrerai le nouveau logement que j'ai fait preparer pour
vous a vos conges, et, tout en regardant les plantations de cet
hiver et deux chevaux de main que j'ai changes, vous me donnerez
des nouvelles de nos amis de Paris.
Le comte ferma son manuscrit, prit le bras du jeune homme et passa
au jardin avec lui.
Grimaud regarda melancoliquement partir Raoul, dont la tete
effleurait presque la traverse de la porte, et, tout en caressant
sa royale blanche, il laissa echapper ce mot profond:
-- Grandi!
Chapitre V -- Ou il sera parle de Cropoli, de Cropole et d'un
grand peintre inconnu
Tandis que le comte de La Fere visite avec Raoul les nouveaux
batiments qu'il a fait batir, et les chevaux neufs qu'il a fait
acheter, nos lecteurs nous permettront de les ramener a la ville
de Blois et de les faire assister au mouvement inaccoutume qui
agitait la ville. C'etait surtout dans les hotels que s'etait fait
sentir le contrecoup de la nouvelle apportee par Raoul.
En effet, le roi et la cour a Blois, c'est-a-dire cent cavaliers,
dix carrosses, deux cents chevaux, autant de valets que de
maitres, ou se caserait tout ce monde, ou se logeraient tous ces
gentilshommes des environs qui allaient arriver dans deux ou trois
heures peut-etre, aussitot que la nouvelle aurait elargi le centre
de son retentissement, comme ces circonferences croissantes que
produit la chute d'une pierre dans l'eau d'un lac tranquille?
Blois, aussi paisible le matin, nous l'avons vu, que le lac le
plus calme du monde, a l'annonce de l'arrivee royale, s'emplit
soudain de tumulte et de bourdonnement. Tous les valets du
chateau, sous l'inspection des officiers, allaient en ville querir
les provisions, et dix courriers a cheval galopaient vers les
reserves de Chambord pour chercher le gibier, aux p
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