FREE BOOKS

Author's List




PREV.   NEXT  
|<   50   51   52   53   54   55   56   57   58   59   60   61   62   63   64   65   66   67   68   69   70   71   72   73   74  
75   76   77   78   79   80   81   82   83   84   85   86   87   88   89   90   91   92   93   94   95   96   97   98   99   >>   >|  
ur qui l'incendie est un principe et le meurtre un moyen tout simple. Ces tristes doctrines, acclamees maintenant dans les reunions publiques, ont perdu cet homme. Il a entendu des republicains, des femmes meme, oui, des femmes! demander le sang de M. Gambetta, le sang de M. Grevy; son esprit malade a chavire; il a voulu du sang, du sang de bourgeois! Ce n'est pas lui qu'il faut condamner, messieurs, c'est la Commune! Des murmures d'approbation coururent. On sentait bien que la cause etait gagnee pour l'avocat. Le ministere public ne resista pas. Alors le president posa au prevenu la question d'usage: --Accuse, n'avez-vous rien a ajouter pour votre defense? L'homme se leva. Il etait de petite taille, d'un blond de lin, avec des yeux gris, fixes et clairs. Une voix forte, franche et sonore sortait de ce frele garcon et changeait brusquement, aux premiers mots, l'opinion qu'on s'etait faite de lui. Il parla hautement, d'un ton declamatoire, mais si net que ses moindres paroles se faisaient entendre jusqu'au fond de la grande salle: --Mon president, comme je ne veux pas aller dans une maison de fous, et que je prefere meme la guillotine, je vais tout vous dire. J'ai tue cet homme et cette femme parce qu'ils etaient mes parents. Maintenant, ecoutez-moi et jugez-moi. Une femme, ayant accouche d'un fils, l'envoya quelque part en nourrice. Sut-elle seulement en quel pays son complice porta le petit etre innocent, mais condamne a la misere eternelle, a la honte d'une naissance illegitime, plus que cela: a la mort, puisqu'on l'abandonna, puisque la nourrice, ne recevant plus la pension mensuelle, pouvait, comme elles font souvent, le laisser deperir, souffrir de faim, mourir de delaissement! La femme qui m'allaita fut honnete, plus femme, plus grande, plus mere que ma mere. Elle m'eleva. Elle eut tort en faisant son devoir. Il vaut mieux laisser perir ces miserables jetes aux villages des banlieues, comme on jette une ordure aux bornes. Je grandis avec l'impression vague que je portais un deshonneur. Les autres enfants m'appelerent un jour "batard". Ils ne savaient pas ce que signifiait ce mot, entendu par l'un d'eux chez ses parents. Je l'ignorais aussi, mais je le sentis. J'etais, je puis le dire, un des plus intelligents de l'ecole. J'aurais ete un honnete homme, mon president, peut-etre un homme superieur, si mes parents n'avaient pas commis le crime de m'abandonner. Ce crime, c'est contre
PREV.   NEXT  
|<   50   51   52   53   54   55   56   57   58   59   60   61   62   63   64   65   66   67   68   69   70   71   72   73   74  
75   76   77   78   79   80   81   82   83   84   85   86   87   88   89   90   91   92   93   94   95   96   97   98   99   >>   >|  



Top keywords:

president

 

parents

 

laisser

 

honnete

 

nourrice

 

grande

 
entendu
 

femmes

 

pension

 

mensuelle


recevant
 

deperir

 

puisque

 

seulement

 

pouvait

 

souvent

 

quelque

 

misere

 
eternelle
 

envoya


souffrir

 
innocent
 

condamne

 

accouche

 

puisqu

 
illegitime
 

naissance

 
complice
 

abandonna

 

ignorais


signifiait

 

savaient

 

appelerent

 

enfants

 

batard

 

sentis

 

avaient

 
superieur
 

commis

 

abandonner


contre
 
intelligents
 

aurais

 
autres
 
faisant
 
devoir
 

delaissement

 

mourir

 

allaita

 

ecoutez