n. On la ferait
chez elle, donc, cette noce, et ca ne couterait rien au pere. Ses
dispositions etaient prises, tout arrange, tout regle; elle se chargeait
de tout, voila!
Le vieux repeta: "Ca, c'est bien, petite, c'est bien". Mais un scrupule
lui vint. Les Touchard consentiraient-ils? Rose, la fiancee, surprise,
demanda: "Pourquoi qu'ils ne voudraient pas, donc? Laisse faire, je m'en
charge, je vais en parler a Philippe, moi".
Elle en parla a son pretendu, en effet, le jour meme; et Philippe
declara que ca lui allait parfaitement. Le pere et la mere Touchard
furent aussi ravis de faire un bon diner qui ne couterait rien. Et ils
disaient: "Ca sera bien, pour sur, vu que monsieur Dubois roule sur
l'or".
Alors ils demanderent la permission d'inviter une amie, Mlle Florence,
la cuisiniere des gens du premier. Anna consentit a tout.
Le mariage etait fixe au dernier mardi du mois.
II
Apres la formalite de la mairie et la ceremonie religieuse, la noce se
dirigea vers la maison d'Anna. Les Taille avaient amene, de leur cote,
un cousin d'age, M. Sauvetanin, homme a reflexions philosophiques,
ceremonieux et compasse, dont on attendait l'heritage, et une vieille
tante, Mme Lamondois.
M. Sauvetanin avait ete designe pour offrir son bras a Anna. On les
avait accouples, les jugeant les deux personnes les plus importantes et
les plus distinguees de la societe.
Des qu'on arriva devant la porte d'Anna, elle quitta immediatement son
cavalier et courut en avant en declarant: "Je vais vous montrer le
chemin."
Elle monta, en courant, l'escalier, tandis que la procession des invites
suivait plus lentement.
Des que la jeune fille eut ouvert son logis elle se rangea pour laisser
passer le monde qui defilait devant elle en roulant de grands yeux et en
tournant la tete de tous les cotes pour voir ce luxe mysterieux.
La table etait mise dans le salon, la salle a manger ayant ete jugee
trop petite. Un restaurateur voisin avait loue les couverts, et les
carafes pleines de vin luisaient sous un rayon de soleil qui tombait
d'une fenetre.
Les dames penetrerent dans la chambre a coucher pour se debarrasser de
leurs chales et de leurs coiffures, et le pere Touchard, debout sur
la porte, clignait de l'oeil vers le lit bas et large, et faisait aux
hommes des petits signes farceurs et bienveillants. Le pere Taille, tres
digne, regardait avec un orgueil intime l'ameublement somptueux de son
enfant, et il allait de piece en p
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