simplement un tres malin faiseur de
tours. Quant a M. Charcot qu'on dit etre un remarquable savant, il me
fait l'effet de ces conteurs dans le genre d'Edgar Poe, qui finissent
par devenir fous a force de reflechir a d'etranges cas de folie. Il a
constate des phenomenes nerveux inexpliques et encore inexplicables,
il marche dans cet inconnu qu'on explore chaque jour, et ne pouvant
toujours comprendre ce qu'il voit, il se souvient trop peut-etre
des explications ecclesiastiques des mysteres. Et puis je voudrais
l'entendre parler, ce serait tout autre chose que ce que vous repetez."
Il y eut autour de l'incredule une sorte de mouvement de pitie, comme
s'il avait blaspheme dans une assemblee de moines.
Un de ces messieurs s'ecria:
--Il y a eu pourtant des miracles autrefois.
Mais l'autre repondit:
--Je le nie. Pourquoi n'y en aurait-il plus?
Alors chacun apporta un fait, des pressentiments fantastiques, des
communications d'ames a travers de longs espaces, des influences
secretes d'un etre sur un autre. Et on affirmait, on declarait les faits
indiscutables, tandis que le nieur acharne repetait: "Des blagues! des
blagues! des blagues!"
A la fin il se leva, jeta son cigare, et les mains dans les poches: "Eh
bien, moi aussi, je vais vous raconter deux histoires, et puis je vous
les expliquerai. Les voici:
"Dans le petit village d'Etretat les hommes, tous matelots, vont chaque
annee au banc de Terre-Neuve pecher la morue. Or, une nuit, l'enfant
d'un de ces marins se reveilla en sursaut en criant que son "pe etait
mort a la me". On calma le mioche qui se reveilla de nouveau en hurlant
que son "pe etait neye". Un mois apres on apprenait en effet la mort du
pere enleve du pont par un coup de mer. La veuve se rappela les reveils
de l'enfant. On cria au miracle, tout le monde s'emut; on rapprocha les
dates; et il se trouva que l'accident et le reve avaient coincide a peu
pres; d'ou l'on conclut qu'ils etaient arrives la meme nuit, a la meme
heure. Et voila un mystere du magnetisme."
Le conteur s'interrompit. Alors un des auditeurs fort emu demanda:--Et
vous expliquez ca, vous?
--Parfaitement, Monsieur, j'ai trouve le secret. Le fait m'avait surpris
et meme vivement embarrasse; mais moi, voyez-vous, je ne crois pas par
principe. De meme que d'autres commencent par croire, je commence par
douter; et quand je ne comprends nullement, je continue a nier toute
communication telepathique des ames, sur que ma penetrati
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