t, comme prisonniers de guerre. On prouva
que les esclaves que n'achetaient pas les Europeens etaient employes a des
travaux dans le pays. On prouva egalement que les fournitures d'esclaves,
si nous pouvons nous exprimer ainsi, etaient en raison des demandes, et
que les demandes venant a cesser, les fournitures cesseraient aussi
necessairement.
Quant a l'assertion que la Traite etait avantageuse, en ce qu'elle donnait
de l'emploi aux marins anglais, on ne se contenta pas de la nier.
M. Thomas Clarkson, apres un examen laborieux et un depouillement exact
des roles de matrice, prouva que la Traite, bien loin d'etre utile a la
marine anglaise, en etait, au contraire, le tombeau. On avait ose soutenir
que l'abolition de la Traite entrainerait la ruine de ceux de nos grands
ports ou cette branche commerciale etait poursuivie avec le plus
d'activite: on avait dit encore que cette mesure serait infailliblement
fatale aux colonies anglaises des Indes Occidentales, ainsi qu'au commerce
manufacturier de la metropole. Nous ne craignimes pas de repondre que
c'etait un outrage aux grands principes commerciaux et une insulte a la
divinite, que de supposer que la prosperite et le bien etre de nos
manufactures et de nos colonies etaient fondes sur la ruine et le malheur
d'une vaste portion du continent africain. L'evenement a prouve d'une
maniere victorieuse combien etaient fausses ces menaces de destruction; et
aujourd'hui, il n'existe pas un seul commercant, un seul financier, un
seul economiste eclaire qui ne reconnaisse que, meme en s'appuyant sur ce
principe immoral d'un gain sordide et d'avantages commerciaux, on eut
gagne en Angleterre a abolir la Traite plutot. C'est ainsi que, dans une
autre circonstance, lorsque nous touchions bientot a la fin de cette
longue guerre que nous avions entreprise contre les bourreaux de
l'humanite, nous eumes l'occasion de refuter les vaines terreurs de nos
adversaires, par le tableau des resultats que l'experience avait amenes.
Nous croyons devoir rappeler cette circonstance.
A l'epoque ou l'attention du parlement se fixa, pour la premiere fois, sur
la question de la Traite, des personnes furent chargees de visiter
quelques-unes de ces prisons flottantes dans lesquelles ces malheureuses
victimes de l'avarice europeenne etaient transportees d'Afrique aux Indes
Occidentales. Ce qui frappa d'abord les commissaires, ce fut l'etrange
disproportion entre le nombre d'esclaves que devaient recevoir ce
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