la Grande-Bretagne, nous sommes influences par des
considerations de politique commerciale et d'interets mercantiles,
accusation aussi denuee de fondement que produite avec mauvaise foi, nous
ne ferons qu'une seule observation. Ceux qui deversent sur nous cette
calomnie, sont dans une complete ignorance de tout ce qui a amene et
accompagne l'abolition de la Traite dans la Grande-Bretagne, ils oublient
que ce sont les hommes religieux de toutes les communions qui ont commence
et soutenu, dans toute sa duree, cette glorieuse campagne. Long-temps les
avocats de cette grande cause, furent taxes d'enthousiastes et de
fanatiques. Aux principes de morale et d'humanite que nous presentions, on
opposait des principes de politique et d'interets commerciaux. Nos plus
dangereux adversaires furent ceux qui predirent, et, comme l'evenement l'a
demontre, exagererent beaucoup les sacrifices coloniaux, financiers et
commerciaux qu'allait entrainer le triomphe de la justice et de
l'humanite. Aujourd'hui que ce long combat entre le genie du bien et celui
du mal, entre Dieu et Mammon, est enfin termine, attendra-t-on de nous que
nous prouvions serieusement a nos nouveaux accusateurs que l'abolition de
la Traite ne fut pas l'oeuvre de quelques adroits hommes d'etat qui
n'avaient en vue que les interets commerciaux de la Grande-Bretagne, en
engageant les autres nations a suivre notre exemple? Cette accusation peut
bien obtenir quelque credit sur ceux qui ignorent completement les
circonstances de l'abolition Britannique; mais, il n'en est pas moins
constant qu'il n'y a que la plus complete ignorance qui puisse
l'expliquer.
Une pareille accusation aurait pu, il y a quelques annees, peut-etre,
trouver des oreilles credules. Mais les pas immenses et gigantesques de
l'opinion Europeen ne dans les derniers temps, nous paraissent devoir etre
peu favorables a la propagation d'accusations si ridicules. Certes, si la
justice et l'humanite ne sont point un vain mot, c'est, surtout a la suite
de la liberte que nous pouvons esperer de les rencontrer, non de cette
liberte tumultueuse qui n'est que la licence, et qui n'a que trop souvent
usurpe le nom de la liberte veritable, mais de cette liberte
constitutionnelle, fondee sur l'ordre et les lois, fixant, avec une sage
precision, la limite ou finissent les droits, ou commencent les devoirs.
Les peuples qui, sortant du long sommeil ou les avait endormis
l'esclavage, se sont reveilles au sentiment de leurs
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