eur national; c'est que,
tant que la France refusera d'entrer dans les mesures de reciprocite que
plusieurs nations de l'Europe ont adoptees pour la suppression efficace de
la Traite, le drapeau blanc servira de protection a tous les pirates et a
tous les aventuriers de l'univers, comme le plus propre a leur garantir
l'execution et l'impunite de leurs criminelles entreprises. Ainsi ce
pavillon d'une nation grande et valeureuse, ce pavillon que les opprimes
ne doivent jamais reclamer en vain, se verra associe a tous les crimes,
et deviendra l'embleme naturel de l'injustice et de la cruaute.
Pour expliquer cet inexplicable manque de zele qu'on remarque en France,
en ce qui concerne l'abolition de la Traite, on a dit en Angleterre, bien
que la chose soit a peine croyable, que des tentatives ont ete faites, non
sans quelques succes, pour interesser dans cet important sujet, l'orgueil
national du peuple francais, et nuire a la cause des abolitionnistes, en
soutenant qu'abolir la Traite, ce serait, pour la France, se soumettre a
l'influence et a la volonte de la Grande-Bretagne.
S'il se trouvait quelques hommes que de pareilles idees eussent pu
seduire, je leur dirais que c'est a juste titre que nous nous efforcons
d'engager les autres nations a renoncer a cet infame commerce, car ce nous
est un devoir d'en agir ainsi, ne pouvant oublier que, dans cette pratique
coupable, notre exemple a pu en egarer bien d'autres. Apres avoir enfin
decouvert la criminalite et la cruaute de ce commerce destructeur, un
renoncement solitaire et silencieux eut-il suffi a acquitter notre
conscience? Les autres peuples, ignorant encore le vrai caractere de la
Traite, ne pouvaient-ils pas naturellement occuper la place que notre
retraite laissait vacante? Et alors, en quoi, je le demande, le sort de la
malheureuse Afrique eut-il ete change? Sans doute, c'etait pour nous un
devoir sacre de prendre l'initiative, et de proclamer, a la face du monde,
la criminalite de notre conduite anterieure, afin d'egaler au moins le
repentir au crime, afin de donner a nos mesures reparatrices l'activite et
l'eclat qu'avaient eus nos torts envers la malheureuse Afrique.
Lorsque, dans ces circonstances, animes par des motifs aussi purs et aussi
genereux, nous cherchames autour de nous des appuis pour nous seconder,
c'est dans la France, d'abord, que nous concumes l'espoir d'en trouver.
Mettons de cote tout prejuge: cette confiance de la Grande-Bretagne
n'etait-el
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