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navires, et l'espace destine a les contenir. Les premieres enquetes se
dirigerent donc sur ce point. Cependant, il etait facile de prevoir que
l'examen de toutes les questions qui se rattachaient a la Traite,
emploierait plusieurs sessions, avant que le parlement put donner une
decision definitive. En consequence, les abolitionnistes proposerent que
des mesures provisoires fussent adoptees, pour l'intervalle de temps
pendant lequel la Traite devait necessairement continuer encore, et que
des lois reglassent la quantite d'espace a accorder, a l'avenir, a chaque
esclave dans les navires negriers, aussi bien que la quantite d'eau, de
nourriture et de medicamens qui leur serait allouee. A cette nouvelle, les
marchands d'esclaves jeterent un cri d'alarme. Ils presenterent les
protestations les plus energiques, appuyees par les sermens les plus
solennels. A les entendre, les mesures que l'on proposait equivalaient a
une abolition, et la ruine totale et immediate de la Traite allait en etre
la consequence inevitable. "Non seulement," disaient-ils, "ces mesures
etaient inutiles; elles seraient encore funestes aux esclaves eux-memes.
L'interet des parties," soutenaient-ils, non sans quelqu'apparence
plausible, "offrait une garantie suffisante contre les abus que l'on
Redoutait. Non seulement le proprietaire du navire etait interesse a ce
que les esclaves fussent rendus dans le meilleur etat possible, au lieu de
leur destination, mais le capitaine, le chirurgien et les officiers du
batiment avaient le meme interet, puisque leurs benefices dependaient, en
grande partie, de la valeur effective de la cargaison."
Les marchands ne se bornaient pas a soutenir que toutes les precautions
etaient prises, pour preserver, pendant la traversee, la vie et la sante
des esclaves; ils allaient meme jusqu'a dire qu'on apportait l'attention
la plus scrupuleuse a veiller au bien-etre de ces infortunes et a leur
procurer toutes les douceurs possibles. A les entendre, afin d'entretenir
leur sante et leur gaite, on mettait a leur disposition une foule
d'innocens plaisirs et d'amusemens divers. Le chant et la danse entraient
meme dans ce charmant tableau. Enfin, a en croire ces hommes, la traversee
d'Afrique aux Colonies n'etait, pour les Africains, qu'une veritable
partie de plaisir: telles etaient, du moins, les declarations des
officiers des navires negriers. Cependant, on ne les crut pas sur parole:
les enquetes furent continuees. On trouva alors
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