des malheureux; c'a ete la gloire
de l'Evangile que de repandre la paix et la bienveillance mutuelle parmi
les hommes. Quel doit donc etre le caractere de cette religion qui fait un
pacte avec la fraude et la cruaute, avec le meurtre et le brigandage, qui
adopte pour missionnaires des hommes endurcis dans le crime, et qui porte
la desolation et le pillage dans toute une moitie du monde non civilise?
Je ne trace point un tableau imaginaire.
(Ici Mr. Wilberforce a lu l'extrait d'une depeche de Lord Londonderry au
ministere francais, d'ou il resulte que les negriers se procurent des
victimes sur la cote d'Afrique en excitant les peuplades indigenes a des
actes de brigandage mutuel, en incendiant les hameaux et enlevant les
malheureux habitans a mesure qu'ils cherchent a echapper aux flammes).
L'infamie et la cruaute d'une pareille conduite, a repris l'orateur, sont
encore aggravees par la consideration que l'echafaudage de sophismes au
moyen duquel on essayait autrefois de justifier la Traite des Noirs, est
maintenant reduit en poudre. Quand nous avons commence la lutte, on nous
objectait que les Negres etaient une race inferieure, une sorte de chainon
entre l'homme et le singe: que la nature les avait destines a couper du
bois et a porter de l'eau pour l'usage du reste de leurs semblables. Ceci
n'est pas une ironie, c'est une assertion avancee gravement dans un des
livres qui font autorite sur les questions relatives aux Indes
occidentales. Mais ces mensonges honteux qui offensent a la fois la
Majeste Divine et les droits de l'humanite, ont ete repousses depuis
long-temps dans les tenebres dont ils n'auraient jamais du sortir. Divers
rapports sur l'etat de l'Afrique ont mis hors de doute que les indigenes
sont semblables a nous par leurs qualites physiques et morales. La colonie
de Sierra Leone surtout, cet etablissement jadis si calomnie et si
injustement meprise, demontre aujourd'hui cette verite incontestable,
qu'une societe africaine peut faire des progres aussi rapides que les
notres, lorsqu'elle jouit des bienfaits de la religion protestante et des
lois britanniques. Cette colonie, bien qu'encore dans l'enfance, est un
objet d'admiration et de joie pour tous les amis de l'humanite; la plante
est jeune et delicate, mais ses jets sont vigoureux, son feuillage est
verdoyant, et deja l'on y distingue quelques traits de la beaute et de la
symetrie qui caracterisent la constitution britannique.
La France peut-elle v
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