ite son veritable caractere, en la declarant
crime de piraterie, et y a attache la peine capitale qui, chez toutes les
nations du globe, est le chatiment de cette sorte de delit. Certes, des
raisonnemens et des considerations si justes sont faits pour convaincre,
soit en Amerique, soit dans tout autre pays, tous les hommes senses qui
font franchement des voeux pour l'abolition de cette Traite devastatrice.
Mais, s'il est un peuple et un gouvernement que, certes, Votre Majeste
n'eut jamais pu soupconner d'ecouter ces accusations insensees, et ces
vils interets qui servent seuls de base a la Traite, c'est assurement le
peuple et le gouvernement francais.
Sans doute, Votre Majeste a partage nos esperances, lorsque la paix
qu'imploraient tous les gens de bien, vint reunir deux nations trop
long-temps divisees. Nous concumes alors l'espoir que la France
consentirait avec joie, a fraterniser avec nous dans cette grande oeuvre
de misericorde. Tout nous le faisait presager, l'esprit chevaleresque de
la nation francaise, le caractere personnel de son Roi, et, plus encore,
les circonstances qui avaient precede son retablissement sur le trone de
ses peres, circonstances bien faites pour allumer dans un coeur vertueux
toutes les inspirations humaines et genereuses. "Un Monarque qui se dit
victime de l'oppression et de l'usurpation triomphante, jettera,"
disions-nous, "un regard d'attendrissement sur les victimes de
l'injustice et de la cruaute europeenne!" Long-temps exile lui-meme aux
rives etrangeres, il sait, par sa propre experience, combien il est
douloureux d'etre arrache a sa douce patrie, au toit de ses "aieux"!
Il etait naturel de penser que la religion et la morale a qui la
Grande-Bretagne avait du sa derniere victoire, devaient avoir vu leur
empire affaibli dans une nation volcanisee par les eruptions
revolutionnaires, et qui, passant subitement de l'anarchie au despotisme,
avait vu ses yeux fascines si long-temps par les illusions d'une gloire
sanglante et mensongere. On devait croire, neanmoins, que le nouveau
gouvernement sentirait l'importance de fonder la reedification du trone
sur les bases de la religion, et se convaincrait que le meilleur moyen
de temoigner sa reconnaissance a l'Arbitre Supreme par qui regnent les
Rois, c'etait de se joindre a un acte d'humanite en faveur d'un vaste
continent: car la stabilite future du trone des Bourbons ne pouvait
etre assise sur de plus fermes bases. Nous pensions que, dans
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