les, que de les
arracher a une terre de malediction pour les transporter a un esclavage
eternel aux Indes Occidentales. Ainsi, on joignait l'insulte au crime
contre ces deplorables victimes de l'avarice europeenne. Pour confondre
ces coupables allegations, il fut prouve qu'a l'exception de ceux qu'avait
corrompus le commerce des nations europeennes, les enfans de l'Afrique
etaient en general eminemment bons, aimans et hospitaliers. Les voyageurs
Mungo Park et Golberry, bien que ce dernier fut personnellement interesse
a favoriser la Traite, n'en attesterent pas moins, par d'innombrables et
irrecusables temoignages, le naturel bon et humain des Africains, leur
bienveillance, leur politesse, leur tendresse pour les auteurs de leurs
jours et pour leurs enfans, leurs affections domestiques et sociales, leur
Amour de la verite, leur courage, leur reconnaissance, leur fidelite dans
l'union conjugale, leur industrie et leur perseverance dans le travail
lorsqu'ils ont quelqu'espoir d'en recueillir le fruit, leur attachement
extraordinaire a leur pays et aux lieux qui les ont vus naitre, et, enfin,
le caractere de magnanimite dont ils ont souvent donne des preuves qui
honoreraient partout la nature humaine. Tout cela fut prouve d'une maniere
irrecusable. On prouva que ce n'etait qu'en s'appuyant du plus grossier
mensonge, qu'on osait se justifier de transporter les Africains en
esclavage aux Indes Occidentales, sous pretexte qu'ils etaient deja
esclaves dans leur propre pays, et que ce n'etait que changer non la
nature, mais le lieu de leur servitude.
On ne nia pas que dans quelques parties du continent Africain, les peuples
ne fussent soumis a un pouvoir despotique dont les abus, comme partout
ailleurs, pouvaient etre d'une nature deplorable; mais il fut prouve que
ce qu'on appelait esclavage en Afrique, n'etait autre chose qu'une sorte
de vasselage doux et patriarchal dans lequel les maitres partageaient les
travaux, les plaisirs et la nourriture des esclaves; les maitres
d'ailleurs n'ayant le droit de vendre leurs esclaves, qu'en punition de
quelque crime; le tout presentant le tableau le plus touchant de
l'innocence et de la simplicite antique. On detruisit insensiblement et on
ruina de fond en comble tout l'echafaudage sophistique qu'avaient eleve
les marchands d'esclaves et leurs defenseurs. Telle etait cette objection
que, si les esclaves africains n'etaient pas achetes par les Europeens,
ils seraient tous livres a la mor
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