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nsensee que les attentats au bonheur et au
droit des hommes pouvaient etre expiees par des prieres et des messes.
Certes, ce n'etait pas la la religion catholique; ce n'en etait que
l'abus. Quoiqu'il en soit, nous n'avions pas de pareils prejuges a
combattre; nous n'avions pas a craindre que nos adversaires, pour se
soustraire aux obligations les plus claires du devoir et de la conscience,
se refugiassent dans les bras d'un bigotisme insense. Du moins, tel
n'etait pas le caractere des catholiques de la Grande-Bretagne. Bien loin
de la, catholiques et protestans se reunirent franchement pour repousser,
de concert et avec indignation, un commerce condamne par les lois divines
et humaines. Le clerge en particulier, depuis le premier jusqu'au dernier
de ses membres, mit la plus grande activite dans les efforts qu'il tenta
pour purger une nation chretienne de cette souillure honteuse qui la
deshonorait.
C'est ainsi qu'insensiblement les tenebres firent place au grand jour.
C'est ainsi que des faits et des opinions, reconnus aujourd'hui
incontestables, penetrerent, peu a peu et avec lenteur, dans les
consciences, et finirent par etablir leur autorite sur la nation entiere.
Enfin l'opinion nationale etant suffisamment eclairee, les consciences
suffisamment convaincues, a l'exception d'un petit nombre d'hommes
personnellement interesses a continuer ce coupable commerce, une
circonstance favorable survint. Un changement d'administration eut lieu
dans le gouvernement britannique. La plupart des membres du nouveau
ministere etaient des abolitionnistes zeles. Dans la chambre des communes
Fox, Lord Howick, depuis Lord Grey, et Lord Henry Petty, depuis Lord
Lansdowne; dans la chambre des pairs Lord Grenville, et Lord Holland
appuyerent de tout le poids de leurs talens superieurs et de leur male
eloquence, la cause de la justice et de l'humanite; et le 25 Mars 1807, a
une immense majorite dans les deux chambres, l'abolition fut proclamee!...
Il se manifesta alors une telle unanimite de volontes, que les premiers
avocats de cette grande cause s'accusaient presque des retards que
l'abolition avait eprouves. C'est ainsi que Clarendon nous represente
l'etat de la Grande-Bretagne, au retour de Charles II, apres l'usurpation
de Cromwell. "Un seul voeu," dit-il, "une seule opinion paraissait dominer
la nation, et le monarque lui-meme declara que, certes, ce devait etre sa
faute, s'il ne regnait pas plutot sur un peuple si empresse a le recev
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