ite, et comment il s'obstina a refuser d'assigner aucune
epoque determinee pour la cessation definitive de ce commerce homicide. On
alla meme alors jusqu'a emettre une idee que je ne me rappelle qu'avec un
sentiment de douleur et de honte. On donna a entendre qu'on pourrait
consentir a preter l'oreille au cri de la justice et de l'humanite, si la
Grande-Bretagne voulait faire quelques sacrifices pecuniaires a l'effet
d'indemniser le commerce Portugais. Enfin, lorsqu'apres bien des delais et
des difficultes, la couronne de Portugal eut consenti a l'abolition de la
Traite, au nord de la ligne, les sujets de cette nation et meme les
gouverneurs des etablissemens portugais sur la cote nord d'Afrique, n'en
ont pas moins continue ce fatal commerce, sans se donner meme la peine de
voiler cette infraction coupable aux traites existans. Mais quand je me
rappelle que la nation Portugaise fut l'une des plus illustres de
l'Europe, que, l'une des premieres, elle s'affranchit de la barbarie et de
la rouille du moyen age; quand je vois cette meme nation renaitre a la
conscience de ses droits politiques, et relever l'edifice de ses libertes
constitutionnelles, j'aime a croire qu'elle rendra un juste hommage aux
droits du genre humain, et qu'elle ne regardera pas d'un oeil indifferent,
les souffrances de nos freres les Africains, cette interessante portion de
la grande famille des hommes.
Si, neanmoins, le Portugal, malgre les nouvelles circonstances sous
l'empire desquelles il se trouve place, persistait a tromper toutes nos
esperances; si, apres avoir concouru a cette declaration a jamais celebre
qui condamne la Traite au nom des principes sacres de la justice et de
l'humanite, cette puissance continuait a maintenir la Traite et a faire,
seule, exception a ce concert universel de toutes les Puissances de la
Chretiente; Votre Majeste, nous osons en concevoir l'esperance, n'aurait
pas oublie que cette circonstance, toute improbable qu'elle est, a ete
prevue dans les negociations de Vienne. Elle se rappellera qu'il fut
convenu alors, que, dans le cas ou l'une des puissances se placerait dans
cette honteuse situation, les autres parties contractantes s'engageaient a
adopter telles mesures jugees necessaires pour rendre la conduite de cette
puissance aussi funeste a ses propres interets, qu'elle est criminelle aux
yeux de la religion et de la morale. La mesure qui fut alors indiquee fut
la prohibition des produits de la puissance dissidente
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