celles
d'avidite commerciale et d'un vil amour du gain, ne sont pas meme entrees
dans la pensee de ses plus implacables ennemis. On a dit de la France, que
le genie des armes et l'amour de la gloire militaire l'avaient detournee
de toute autre ambition, et l'avaient meme rendue insensible aux avantages
resultant du commerce. Cette opinion parut, en quelque sorte, confirmee
par une expression celebre qu'employait frequemment le chef du dernier
gouvernement francais. On sait qu'il reprochait aux Anglais de n'etre
_qu'une nation boutiquiere_. Au contraire, un de nos hommes d'etat,
un ecrivain Anglais avait appele la nation francaise une _nation
Chevaleresque_. Si nous lisons l'histoire des guerres de la revolution
francaise, nous trouverons ce caractere national empreint encore sur
chacune de ses pages. Nous verrons que la generosite et la valeur
francaise n'ont jamais ete plus brillantes, les victoires de ce peuple
jamais plus eclatantes que dans cette periode; nous verrons qu'alors une
multitude de causes avaient contribue a repandre l'esprit guerrier dans
toute la population francaise. Quels que soient les changemens qu'aient pu
subir le caractere originel de ce peuple, ces changemens n'ont pas ete de
nature a faire presager qu'il contracterait des habitudes bassement
mercantiles. Certes, nul n'eut pu croire que l'avidite commerciale fut,
tout a coup, devenue si extreme dans cette nation, qu'elle se fut
precipitee, avec une coupable ardeur, dans une carriere lucrative mais
deshonorante, que les autres nations ont cru devoir abandonner par des
considerations de justice et de morale.
Ce n'est pas que je pretende accorder qu'en supposant les benefices
commerciaux le but principal des negocians de France, et des proprietaires
des batimens francais, la Traite est le moyen qui leur offre, dans cette
hypothese, le plus de chances de gain. On ne saurait mettre un instant en
doute, en considerant l'immense etendue du continent Africain, sa vaste
population, la variete des innombrables productions de son climat et de
son sol, qu'on ne put tirer d'un commerce legitime avec l'Afrique,
infiniment plus d'avantages que de la Traite des esclaves.
Ainsi la question pour les negocians de Nantes et du Havre, n'est pas de
savoir s'ils continueront le commerce des esclaves, ou s'ils cesseront
tout commerce avec l'Afrique. Il s'agit de savoir s'ils veulent
entreprendre avec l'Afrique un commerce veritablement digne de ce nom, un
commerce
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