ps, communiquent avec les nations
les plus policees de l'Europe, sont dans un etat complet d'ignorance et de
barbarie. Il est vrai qu'ils consomment les articles de nos manufactures;
mais c'est la tout l'avantage qu'ils ont retire de notre commerce: nous ne
leur avons communique d'autre connaissance que celle de nos crimes. Au
contraire, les habitans de l'interieur des terres, n'ayant jamais vu le
visage d'aucun Europeen, sont beaucoup plus avances dans tout ce qui
concerne l'ordre public, la securite personnelle, le bonheur et les
avantages de la vie sociale.
Ce n'est pas que la Traite n'ait etendu dans l'interieur de l'Afrique sa
funeste influence; ce n'est pas qu'elle n'y ait inocule ce genie de la
destruction et de la barbarie qui fait son caractere distinctif et qui la
range parmi les plus epouvantables fleaux qui aient jamais desole le
monde. Mais, c'est surtout sur les cotes que la Traite a developpe toute
la puissance de sa criminelle energie. La, tous les pays soumis a sa
fatale domination n'offrent plus qu'un vaste theatre d'anarchie d'ou la
securite est a jamais bannie. Bien loin d'avoir importe chez les
malheureux Africains des cotes, les progres et les arts de la
civilisation, la Traite ne leur a communique que nos vices. Elle les a,
pour ainsi dire, scelles de son sceau et condamnes a une condition
incurable de barbarie et d'ignorance. C'est la surtout, comme nous n'avons
jamais cesse de le proclamer, c'est la, de toutes les consequences de la
Traite, la plus importante et la plus grave. Au jour du jugement, n'en
doutons pas, le Supreme Arbitre du monde fera rendre un compte severe et
rigoureux a ces coupables Europeens qui n'ont fait servir la civilisation
et les lumieres qu'a avilir et a demoraliser l'homme, ce sublime ouvrage
du Createur.
Nous croyons que l'Afrique a epuise enfin la coupe des douleurs: une coupe
mille fois plus amere encore est preparee pour les malheureux Africains
que les navires de l'Europe entrainent loin de cette terre de malediction.
Je veux parler des souffrances et des horreurs sans nombre, qui marquent
le passage d'Afrique aux Indes Occidentales. Tel est le nombre de ces
souffrances multipliees, telle est leur nature humiliante et dechirante,
tout ensemble, que la premiere fois ou le regard du public put penetrer
dans l'interieur de ces prisons flottantes, une incredulite generale se
manifesta: on ne pouvait croire que l'humanite put supporter tant de
douleurs horribles. Il
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