e, briller dans ces
regions couvertes des tenebres de l'ignorance; si l'ordre et les lois,
marchant a la suite des lumieres et de la religion, pouvaient remplacer,
sur ces tristes rivages, le brigandage et la terreur! Mais helas! c'est la
l'un des caracteres les plus deplorables de cette Traite si feconde en
calamites, qu'elle se suffit a elle-meme pour se perpetuer d'une
generation a l'autre, et qu'elle trouve dans sa domination presente le
gage de sa domination future. C'est a l'abri des lois que grandit la
civilisation. La ou la securite n'existe ni pour les personnes, ni pour
les proprietes, il n'y a point de civilisation possible. Mais l'Afrique,
qu'est-ce autre chose qu'un vaste theatre de trahison, de terreur et
d'anarchie? Cet horrible systeme de crime et de brigandage, que, par un
deplorable abus des mots, on a ose appeler un commerce, maintient, dans un
etat permanent d'inquietudes et d'alarmes, le pays ou il exerce sa
coupable influence. Ce n'est que dans la partie des cotes, le long des
rivages de l'ocean, que l'enfant de l'Afrique peut communiquer avec les
peuples plus avances que lui dans la carriere de la civilisation: c'est la
precisement que la Traite a etabli son trone sanglant; c'est la qu'elle a
eleve un mur d'airain pour intercepter tous les progres de l'esprit
humain, tous les rayons de la morale et de la religion. C'est ainsi
qu'elle a mis un embargo sur la civilisation africaine, et a relegue ce
vaste continent dans une prison de degradation et d'ignorance.
De la un phenomene etrange et qui ne s'etait point encore presente dans
les annales du genre humain. Nous y verrons peut-etre la plus forte
preuve des effets devastateurs de ce commerce homicide. Si nous suivons,
avec attention, les progres du genre humain s'elevant d'un etat
d'ignorance et de barbarie a un etat de lumiere et de civilisation, nous
trouverons, et cette observation est generale, nous trouverons que c'est
sur les bords des rivieres, et sur les cotes de la mer, qui, par leur
position geographique, offraient plus de moyens de contact avec les
etrangers, que la civilisation a pousse ses premieres racines. Ainsi,
l'ordre civil, la science sociale, l'agriculture, l'industrie, les
sciences et les arts, ont fleuri, d'abord, sur les cotes, et c'est de la
que les connaissances et les lumieres se sont repandues dans l'interieur.
Malheureusement, le contraire a eu lieu a l'egard de l'Afrique. La, les
habitans des cotes, qui, depuis long-tem
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