et bientot la societe ne
presente plus qu'une vaste scene ou regnent l'anarchie, le brigandage et
la terreur.
Les preuves et les faits viennent, en foule, confirmer ces donnees fondees
sur la connaissance de la nature humaine, il a ete etabli, par
d'irrecusables temoignages, que ce detestable commerce a fonde ses
principales ressources dans les guerres ou excitees par les Europeens, ou
entreprises par les naturels du pays, a l'effet de faire des esclaves. Ces
guerres ne manquent pas d'enfanter des represailles. De la d'interminables
dissentions; de la un esprit d'hostilite et de vengeance, transmis entre
les chefs, de generation en generation. En outre, il est prouve que les
esclaves qu'on se procure sont le resultat de depredations executees par
les petits souverains contre leurs propres sujets, lorsqu'ils sont trop
faibles ou trop laches pour attaquer leurs voisins: quelquefois ils
saisissent indifferemment les premiers venus, qu'ils reduisent en
esclavage; d'autrefois, on met, pendant la nuit, le feu a un village, et
lorsque les habitans effrayes et a demi nuds s'arrachent de leurs toits
embrases, c'est alors qu'on les saisit et qu'on leur donne des fers.
La Traite est entretenue par des depredations et des brigandages de toute
espece, depuis la troupe plus ou moins nombreuse qui attaque un village
sans defense, ou une famille desarmee, jusqu'a l'individu qui se cache
dans quelqu'endroit ecarte, pour attendre, comme un tigre fait sa proie,
une femme ou un enfant que le hasard aura conduit vers lui et dont il fera
son esclave. Ce qui alimente surtout la Traite, c'est le _Panyar_.
Cet acte devenu si frequent, qu'on a ete oblige de le designer par un nom
special, consiste a enlever des Noirs de toute tribu, de tout rang, de
toute profession, de tout sexe et de tout age, sans aucune distinction.
Ces actes abominables sont, pour l'ordinaire, executes par les marchands
noirs qui voyagent dans l'interieur de l'Afrique pour le service des
Europeens; quelquefois par les capitaines et matelots europeens eux-memes.
L'arrivee d'un navire negrier sur la cote, est le signal immediat de toute
espece de fraude et de rapine. Ainsi, ce n'est pas seulement de tribu a
tribu, de village a village que regnent la mefiance et la terreur. Il
n'arrive que trop souvent que, dans un acces d'emportement, de colere ou
de jalousie, un mari vend sa femme, un pere ses enfans, un maitre ses
domestiques; c'est vainement qu'ils font ensuite des voeu
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