vent durer longtemps encore.
-- Et si elles sont rompues sans amener de resultat, dit Athos,
vous allez tenter d'enlever Charenton?
-- C'est mon ordre; je commande les troupes d'attaque, et je ferai
de mon mieux pour reussir.
-- Monsieur, dit Athos, puisque vous commandez la cavalerie...
-- Pardon! je commande en chef.
-- Mieux encore!... Vous devez connaitre tous vos officiers,
j'entends tous ceux qui sont de distinction.
-- Mais oui, a peu pres.
-- Soyez assez bon pour me dire alors si vous n'avez pas sous vos
ordres M. le chevalier d'Artagnan, lieutenant aux mousquetaires.
-- Non, monsieur, il n'est pas avec nous; depuis plus de six
semaines il a quitte Paris, et il est, dit-on, en mission en
Angleterre.
-- Je savais cela, mais je le croyais de retour.
-- Non, monsieur, et je ne sache point que personne l'ait revu. Je
puis d'autant mieux vous repondre a ce sujet que les mousquetaires
sont des notres, et que c'est M. de Cambon qui, par interim, tient
la place de M. d'Artagnan.
Les deux amis se regarderent.
-- Vous voyez, dit Athos.
-- C'est etrange, dit Aramis.
-- Il faut absolument qu'il leur soit arrive malheur en route.
-- Nous sommes aujourd'hui le huit, c'est ce soir qu'expire le
delai fixe. Si ce soir nous n'avons point de nouvelles, demain
matin nous partirons.
Athos fit de la tete un signe affirmatif, puis se retournant:
-- Et M. de Bragelonne, un jeune homme de quinze ans, attache a
M. le Prince, demanda Athos presque embarrasse de laisser percer
ainsi devant le sceptique Aramis ses preoccupations paternelles,
a-t-il l'honneur d'etre connu de vous, monsieur le duc?
-- Oui, certainement, repondit Chatillon, il nous est arrive ce
matin avec M. le Prince. Un charmant jeune homme! il est de vos
amis, monsieur le comte?
-- Oui, monsieur, repliqua Athos doucement emu; a telle enseigne,
que j'aurais meme le desir de le voir. Est-ce possible?
-- Tres possible, monsieur. Veuillez m'accompagner et je vous
conduirai au quartier general.
-- Hola! dit Aramis en se retournant, voila bien du bruit derriere
nous, ce me semble.
-- En effet, un gros de cavaliers vient a nous! fit Chatillon.
-- Je reconnais M. le coadjuteur a son chapeau de la fronde.
-- Et moi, M. de Beaufort a ses plumes blanches.
-- Ils viennent au galop. M. le Prince est avec eux. Ah! voila
qu'il les quitte.
-- On bat le rappel, s'ecria Chatillon. Entendez-vous? Il faut
nous informer.
En effet
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