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i... D'abord, pas un seul mot a nos amis de ce que vous venez
d'entendre; il est inutile qu'ils sachent le service que nous leur
rendons.
-- Bien, dit Porthos, je comprends.
-- Allez-vous-en a l'ecurie, vous y trouverez Mousqueton, vous
sellerez les chevaux, vous leur mettrez les pistolets dans les
fontes, vous les ferez sortir, et vous les conduirez dans la rue
d'en bas, afin qu'il n'y ait plus qu'a monter dessus; le reste me
regarde.
Porthos ne fit pas la moindre observation, et obeit avec cette
sublime confiance qu'il avait en son ami.
-- J'y vais, dit-il; seulement, entrerai-je dans la chambre ou
sont ces messieurs?
-- Non, c'est inutile.
-- Eh bien! faites-moi le plaisir d'y prendre ma bourse que j'ai
laissee sur la cheminee.
-- Soyez tranquille.
Porthos s'achemina de son pas calme et tranquille vers l'ecurie,
et passa au milieu des soldats qui ne purent, tout Francais qu'il
etait, s'empecher d'admirer sa haute taille et ses membres
vigoureux. A l'angle de la rue, il rencontra Mousqueton, qu'il
emmena avec lui.
Alors d'Artagnan rentra tout en sifflotant un petit air qu'il
avait commence au depart de Porthos.
-- Mon cher Athos, je viens de reflechir a vos raisonnements, et
ils m'ont convaincu; decidement je regrette de m'etre trouve a
toute cette affaire. Vous l'avez dit, Mazarin est un cuistre. Je
suis donc resolu de fuir avec vous. Pas de reflexions, tenez-vous
prets; vos deux epees sont dans le coin, ne les oubliez pas, c'est
un outil qui, dans les circonstances ou nous nous trouvons, peut
etre fort utile; cela me rappelle la bourse de Porthos. Bon! la
voila.
Et d'Artagnan mit la bourse dans sa poche. Les deux amis le
regardaient faire avec stupefaction.
-- Eh bien! qu'y a-t-il donc d'etonnant? dit d'Artagnan, je vous
le demande. J'etais aveugle: Athos m'a fait voir clair, voila
tout. Venez ici.
Les deux amis s'approcherent.
-- Voyez-vous cette rue? dit d'Artagnan, c'est la que seront les
chevaux; vous sortirez par la porte, vous tournerez a gauche, vous
sauterez en selle, et tout sera dit; ne vous inquietez de rien que
de bien ecouter le signal. Ce signal sera quand je crierai: "Jesus
Seigneur!"
-- Mais, vous, votre parole que vous viendrez, d'Artagnan! dit
Athos.
-- Sur Dieu, je vous le jure!
-- C'est dit, s'ecria Aramis. Au cri de: "Jesus Seigneur!" nous
sortons, nous renversons tout ce qui s'oppose a notre passage,
nous courons a nos chevaux, nous sautons en selle,
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