compliment.
-- Je suis pret a le recevoir et a vous le rendre, monsieur, dit
l'officier en assez bon francais, car j'ai habite trois ans Paris.
-- Eh bien! monsieur, je m'empresse de vous dire, continua
d'Artagnan, que le coup etait si bien applique, que vous avez
presque tue votre homme.
-- Je croyais l'avoir tue tout a fait, dit Groslow.
-- Non. Il ne s'en est pas fallu grand'chose, c'est vrai, mais il
n'est pas mort.
Et en disant ces mots, d'Artagnan jeta un regard sur Parry, qui se
tenait debout devant le roi, la paleur de la mort au front, pour
lui indiquer que cette nouvelle etait a son adresse.
Quant au roi, il avait ecoute toute cette conversation le coeur
serre d'une indicible angoisse, car il ne savait pas ou l'officier
francais en voulait venir et ces details cruels, caches sous une
apparence insoucieuse, le revoltaient.
Aux derniers mots qu'il prononca seulement, il respira avec
liberte.
-- Ah diable! dit Groslow, je croyais avoir mieux reussi. S'il n'y
avait pas si loin d'ici a la maison de ce miserable, je
retournerais pour l'achever.
-- Et vous feriez bien, si vous avez peur qu'il en revienne, dit
d'Artagnan, car vous le savez, quand les blessures a la tete ne
tuent pas sur le coup, au bout de huit jours elles sont gueries.
Et d'Artagnan lanca un second regard a Parry, sur la figure duquel
se repandit une telle expression de joie, que Charles lui tendit
la main en souriant.
Parry s'inclina sur la main de son maitre et la baisa avec
respect.
-- En verite, d'Artagnan, dit Athos, vous etes a la fois homme de
parole et d'esprit. Mais que dites-vous du roi?
-- Sa physionomie me revient tout a fait, dit d'Artagnan; il a
l'air a la fois noble et bon.
-- Oui, mais il se laisse prendre, dit Porthos, c'est un tort.
-- J'ai bien envie de boire a la sante du roi, dit Athos.
-- Alors, laissez-moi porter la sante, dit d'Artagnan.
-- Faites, dit Aramis.
Porthos regardait d'Artagnan, tout etourdi des ressources que son
esprit gascon fournissait incessamment a son camarade.
D'Artagnan prit son gobelet d'etain, l'emplit et se leva.
-- Messieurs, dit-il a ses compagnons, buvons, s'il vous plait, a
celui qui preside le repas. A notre colonel, et qu'il sache que
nous sommes bien a son service jusqu'a Londres et au-dela.
Et comme, en disant ces paroles, d'Artagnan regardait Harrison,
Harrison crut que le toast etait pour lui, se leva et salua les
quatre amis, qui, les yeux att
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