os dans ce gredin de pays, ou il
fait froid toujours, ou le beau temps est du brouillard, le
brouillard de la pluie, la pluie du deluge; ou le soleil ressemble
a la lune, et la lune a un fromage a la creme. Au fait, mourir la
ou mourir ailleurs, puisqu'il faut mourir, peu nous importe.
-- Seulement, songez-y, dit Athos, cher ami, c'est mourir plus
tot.
-- Bah! un peu plus tot, un peu plus tard, cela ne vaut pas la
peine de chicaner.
-- Si je m'etonne de quelque chose, dit sentencieusement Porthos,
c'est que ce ne soit pas deja fait.
-- Oh! cela se fera, soyez tranquille, Porthos, dit d'Artagnan.
Ainsi, c'est convenu, continua le Gascon, et si Porthos ne s'y
oppose pas...
-- Moi, dit Porthos, je ferai ce que vous voudrez. D'ailleurs je
trouve tres beau ce qu'a dit tout a l'heure le comte de La Fere.
-- Mais votre avenir, d'Artagnan? vos ambitions, Porthos?
-- Notre avenir, nos ambitions! dit d'Artagnan avec une volubilite
fievreuse; avons-nous besoin de nous occuper de cela, puisque nous
sauvons le roi? Le roi sauve, nous rassemblons ses amis, nous
battons les puritains, nous reconquerons l'Angleterre, nous
rentrons dans Londres avec lui, nous le reposons bien carrement
sur son trone...
-- Et il nous fait ducs et pairs, dit Porthos, dont les yeux
etincelaient de joie, meme en voyant cet avenir a travers une
fable.
-- Ou il nous oublie, dit d'Artagnan.
-- Oh! fit Porthos.
-- Dame! cela s'est vu, ami Porthos; et il me semble que nous
avons autrefois rendu a la reine Anne d'Autriche un service qui ne
le cedait pas de beaucoup a celui que nous voulons rendre
aujourd'hui a Charles Ier, ce qui n'a point empeche la reine Anne
d'Autriche de nous oublier pendant pres de vingt ans.
-- Eh bien, malgre cela, d'Artagnan, dit Athos, etes-vous fache de
lui avoir rendu service?
-- Non, ma foi, dit d'Artagnan, et j'avoue meme que dans mes
moments de plus mauvaise humeur, eh bien! j'ai trouve une
consolation dans ce souvenir.
-- Vous voyez bien, d'Artagnan; que les princes sont ingrats
souvent, mais que Dieu ne l'est jamais.
-- Tenez, Athos, dit d'Artagnan, je crois que si vous rencontriez
le diable sur la terre, vous feriez si bien, que vous le
rameneriez avec vous au ciel.
-- Ainsi donc? dit Athos en tendant la main a d'Artagnan.
-- Ainsi donc, c'est convenu, dit d'Artagnan, je trouve
l'Angleterre un pays charmant, et j'y reste, mais a une condition.
-- Laquelle?
-- C'est qu'on ne me forc
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