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ppela le blesse a lui, il rouvrit une seconde fois
les yeux.
Il regarda avec etonnement ces hommes qui paraissaient le
plaindre, et qui, autant qu'il etait en leur pouvoir, essayaient
de lui porter secours.
-- Vous etes avec des amis, dit Athos en anglais, rassurez-vous
donc, et, si vous en avez la force, racontez-nous ce qui est
arrive.
-- Le roi, murmura le blesse, le roi est prisonnier.
-- Vous l'avez vu? demanda Aramis dans la meme langue.
L'homme ne repondit pas.
-- Soyez tranquille, reprit Athos, nous sommes de fideles
serviteurs de Sa Majeste.
-- Est-ce vrai ce que vous me dites la? demanda le blesse.
-- Sur notre honneur de gentilshommes.
-- Alors je puis donc vous dire?
-- Dites.
-- Je suis le frere de Parry, le valet de chambre de Sa Majeste.
Athos et Aramis se rappelerent que c'etait de ce nom que de Winter
avait appele le laquais qu'ils avaient trouve dans le corridor de
la tente royale.
-- Nous le connaissons, dit Athos; il ne quittait jamais le roi!
-- Oui, c'est cela, dit le blesse. Eh bien! voyant le roi pris, il
songea a moi; on passait devant la maison, il demanda au nom du
roi qu'on s'y arretat. La demande fut accordee. Le roi, disait-on,
avait faim; on le fit entrer dans la chambre ou je suis, afin
qu'il y prit son repas, et l'on placa des sentinelles aux portes
et aux fenetres. Parry connaissait cette chambre, car plusieurs
fois, tandis que Sa Majeste etait a Newcastle, il etait venu me
voir. Il savait que dans cette chambre il y avait une trappe, que
cette trappe conduisait a la cave, et que de cette cave on pouvait
gagner le verger. Il me fit un signe. Je le compris. Mais sans
doute ce signe fut intercepte par les gardiens du roi et les mit
en defiance. Ignorant qu'on se doutait de quelque chose, je n'eus
plus qu'un desir, celui de sauver Sa Majeste. Je fis donc semblant
de sortir pour aller chercher du bois, en pensant qu'il n'y avait
pas de temps a perdre. J'entrai dans le passage souterrain qui
conduisait a la cave a laquelle cette trappe correspondait. Je
levai la planche avec ma tete; et tandis que Parry poussait
doucement le verrou de la porte, je fis signe au roi de me suivre.
Helas! il ne le voulait pas; on eut dit que cette fuite lui
repugnait. Mais Parry joignit les mains en le suppliant; je
l'implorai aussi de mon cote pour qu'il ne perdit pas une pareille
occasion. Enfin il se decida a me suivre. Je marchai devant par
bonheur; le roi venait a quelques
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