ns de la plaine.
Cromwell s'inclina.
-- Vous etes fort parmi les forts, Mordaunt, dit-il. Et les
Francais, comment se sont-ils conduits?
-- En gens de coeur, monsieur, dit Mordaunt.
-- Oui, oui, murmura Cromwell, les Francais se battent bien; et,
en effet, si ma lunette est bonne, il me semble que je les ai vus
au premier rang.
-- Ils y etaient, dit Mordaunt.
-- Apres vous, cependant, dit Cromwell.
-- C'est la faute de leurs chevaux et non la leur.
Il se fit encore un moment de silence.
-- Et les Ecossais? demanda Cromwell.
-- Ils ont tenu leur parole, dit Mordaunt, et n'ont pas bouge.
-- Les miserables! murmura Cromwell.
-- Leurs officiers demandent a vous voir, monsieur.
-- Je n'ai pas le temps. Les a-t-on payes?
-- Cette nuit.
-- Qu'ils partent alors, qu'ils retournent dans leurs montagnes,
qu'ils y cachent leur honte, si leurs montagnes sont assez hautes
pour cela; je n'ai plus affaire a eux, ni eux a moi. Et
maintenant, allez, Mordaunt.
-- Avant de m'en aller, dit Mordaunt, j'ai quelques questions a
vous adresser, monsieur, et une demande a vous faire, mon maitre.
-- A moi?
Mordaunt s'inclina:
-- Je viens a vous, mon heros, mon protecteur, mon pere, et je
vous dis: Maitre, etes-vous content de moi?
Cromwell le regarda avec etonnement.
Le jeune homme demeura impassible.
-- Oui, dit Cromwell; vous avez fait, depuis que je vous connais,
non seulement votre devoir, mais encore plus que votre devoir,
vous avez ete fidele ami, adroit negociateur, bon soldat.
-- Avez-vous souvenir, monsieur, que c'est moi qui ai eu la
premiere idee de traiter avec les Ecossais de l'abandon de leur
roi?
-- Oui, la pensee vient de vous, c'est vrai; je ne poussais pas
encore le mepris des hommes jusque-la.
-- Ai-je ete bon ambassadeur en France?
-- Oui, et vous avez obtenu de Mazarin ce que je demandais.
-- Ai-je combattu toujours ardemment pour votre gloire et vos
interets?
-- Trop ardemment peut-etre, c'est ce que je vous reprochais tout
a l'heure. Mais ou voulez-vous en venir avec toutes vos questions?
-- A vous dire, milord, que le moment est venu ou vous pouvez d'un
mot recompenser tous mes services.
-- Ah! fit Olivier avec un leger mouvement de dedain; c'est vrai,
j'oubliais que tout service merite sa recompense, que vous m'avez
servi et que vous n'etes pas encore recompense.
-- Monsieur, je puis l'etre a l'instant meme et au-dela de mes
souhaits.
-- Comment
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