n etudier les productions,
faire les observations utiles a la physique, a l'astronomie, a
l'histoire naturelle; les autres enfin devaient s'occuper a rechercher
les ameliorations qu'on pourrait apporter a l'existence des habitans par
des machines, des canaux, des travaux sur le Nil, des procedes adaptes
a ce sol si singulier et si different de l'Europe. Si la fortune devait
nous enlever un jour cette belle contree, du moins elle ne pouvait nous
enlever les conquetes que la science y allait faire; un monument se
preparait qui devait honorer le genie et la constance de nos savans,
autant que l'expedition honorait l'heroisme de nos soldats.
Monge fut le premier qui obtint la presidence. Bonaparte ne fut que le
second. Il proposa les questions suivantes: rechercher la meilleure
construction des moulins a eau et a vent; remplacer le houblon qui
manque en Egypte, dans la fabrication de la biere; determiner les lieux
propres a la culture de la vigne; chercher le meilleur moyen pour
procurer de l'eau a la citadelle du Caire; creuser des puits dans les
differens endroits du desert; chercher le moyen de clarifier et de
rafraichir l'eau du Nil; imaginer une maniere d'utiliser les decombres
dont la ville du Caire etait embarrassee, ainsi que toutes les anciennes
villes d'Egypte; chercher les matieres necessaires pour la fabrication
de la poudre en Egypte. On peut juger par ces questions de la tournure
d'esprit du general. Sur-le-champ les ingenieurs, les dessinateurs,
les savans, se repandirent dans toutes les provinces pour commencer la
description et la carte du pays. Tels etaient les soins de cette colonie
naissante et la maniere dont le fondateur en dirigeait les travaux.
La conquete des provinces de la Basse et Moyenne-Egypte s'etait faite
sans peine, et n'avait coute que quelques escarmouches avec les Arabes.
Il avait suffi d'une marche forcee sur Belbeys pour rejeter Ibrahim-Bey
en Syrie. Desaix attendait l'automne pour enlever la Haute-Egypte a
Mourad-Bey, qui s'y etait retire avec les debris de son armee.
Mais, pendant ce temps, la fortune venait d'infliger a Bonaparte le
plus redoutable de tous les revers. En quittant Alexandrie, il avait
fortement recommande a l'amiral Brueys de mettre son escadre a l'abri
des Anglais, soit en la faisant entrer dans Alexandrie, soit en la
dirigeant sur Corfou; mais surtout de ne pas rester dans la rade
d'Aboukir, car il valait mieux rencontrer l'ennemi a la voile, que de le
recevoir
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