nt prevenu quelque membre des comites; qu'il l'eut
devoilee si tard, et qu'il eut garde les fonds dans ses mains. Delaunay fut
convaincu; Fabre, malgre son adroite defense, consistant a dire qu'en
surchargeant de ratures la copie du decret, il avait cru ne raturer qu'un
projet, fut convaincu par Cambon, dont la deposition franche et
desinteressee etait accablante. Il prouva, en effet, a Fabre que les
projets de decrets n'etaient jamais signes, que la copie qu'il avait
raturee l'etait par tous les membres de la commission des cinq, et que par
consequent il n'avait pu croire ne raturer qu'un simple projet. Bazire,
dont la complicite consistait dans la non-revelation, fut a peine ecoute
dans sa defense, et fut assimile aux autres par le tribunal. On passa
ensuite a d'Espagnac, que l'on accusait d'avoir corrompu Julien de Toulouse
pour faire appuyer ses marches, et d'avoir pris part a l'intrigue de la
compagnie des Indes. Ici, des lettres prouvaient les faits, et tout
l'esprit de d'Espagnac ne put rien contre cette preuve. On interrogea
ensuite Herault-Sechelles. Bazire etait declare coupable comme ami de
Chabot; Herault le fut pour avoir ete ami de Bazire, pour avoir eu quelque
connaissance par lui de l'intrigue des agioteurs, pour avoir favorise une
emigree, pour avoir ete ami des moderes, et pour avoir fait supposer, par
sa douceur, sa grace, sa fortune et ses regrets mal deguises, qu'il etait
modere lui-meme. Apres Herault vint le tour de Danton. Un silence profond
regna dans l'assemblee quand il se leva pour prendre la parole. "Danton,
lui dit le president, la convention vous accuse d'avoir conspire avec
Mirabeau, avec Dumouriez, avec d'Orleans, avec les girondins, avec
l'etranger, et avec la faction qui veut retablir Louis XVII.--Ma voix,
repondit Danton avec son organe puissant, ma voix qui tant de fois s'est
fait entendre pour la cause du peuple, n'aura pas de peine a repousser la
calomnie. Que les laches qui m'accusent paraissent, et je les couvrirai
d'ignominie.... Que les comites se rendent ici, je ne repondrai que devant
eux; il me les faut pour accusateurs et pour temoins.... Qu'ils
paraissent.... Au reste, peu m'importe, vous et votre jugement.... Je vous
l'ai dit: le neant sera bientot mon asile. La vie m'est a charge, qu'on me
l'arrache.... Il me tarde d'en etre delivre." En achevant ces paroles,
Danton etait indigne, son coeur etait souleve d'avoir a repondre a de
pareils hommes. Sa demande de faire comparaitr
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