e les comites, et sa volonte
prononcee de ne repondre que devant eux, avaient intimide le tribunal, et
cause une grande agitation. Une telle confrontation, en effet, eut ete
cruelle pour eux; ils auraient ete couverts de confusion, et la
condamnation fut peut-etre devenue impossible. "Danton, dit le president,
l'audace est le propre du crime; le calme est celui de l'innocence." A ce
mot, Danton s'ecrie: "L'audace individuelle est reprimable sans doute; mais
cette audace nationale dont j'ai tant de fois donne l'exemple, que j'ai
tant de fois mise au service de la liberte, est la plus meritoire de toutes
les vertus. Cette audace est la mienne; c'est celle dont je fais ici usage
pour la republique contre les laches qui m'accusent. Lorsque je me vois si
bassement calomnie, puis-je me contenir? Ce n'est pas d'un revolutionnaire
comme moi qu'il faut attendre une defense froide ... les hommes de ma
trempe sont inappreciables dans les revolutions ... c'est sur leur front
qu'est empreint le genie de la liberte." En disant ces mots, Danton agitait
sa tete et bravait le tribunal. Ses traits si redoutes produisaient une
impression profonde. Le peuple, que la force touche, laissait echapper un
murmure approbateur. "Moi, continuait Danton, moi accuse d'avoir conspire
avec Mirabeau, avec Dumouriez, avec d'Orleans; d'avoir rampe aux pieds de
vils despotes! c'est moi que l'on somme de repondre a la _justice
inevitable, inflexible!_[17]... Et toi, lache Saint-Just, tu repondras a la
posterite de ton accusation contre le meilleur soutien de la liberte.... En
parcourant cette liste d'horreurs, ajouta Danton en montrant l'acte
d'accusation, je sens tout mon etre fremir." Le president lui recommande
de nouveau d'etre calme, et lui cite l'exemple de Marat, qui repondit avec
respect au tribunal. Danton reprend et dit que, puisqu'on le veut, il va
raconter sa vie. Alors il rappelle la peine qu'il eut a parvenir aux
fonctions municipales, les efforts que firent les constituans pour l'en
empecher, la resistance qu'il opposa aux projets de Mirabeau, et surtout ce
qu'il fit dans cette journee fameuse ou, entourant la voiture royale d'un
peuple immense, il empecha le voyage a Saint-Cloud. Puis il rapporte sa
conduite lorsqu'il amena le peuple au Champ-de-Mars, pour signer une
petition contre la royaute, et le motif de cette petition fameuse; l'audace
avec laquelle il proposa le premier le renversement du trone en 92; le
courage avec lequel il proclama
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