s, ce seront mes canons et mes armees qui
me l'auront donnee, et non vous!
--Votre Majeste oublie la declaration du roi Henri III? dit vivement
Fausta.
--La declaration du roi Henri III? fit le roi en ayant l'air de
chercher. J'avoue que je ne comprends pas.
Cette declaration est formelle. Grace a elle, c'est la reconnaissance
assuree de Votre Majeste par les deux tiers, au moins, du royaume de
France.
--C'est tout a fait different, en ce cas. Cette declaration peut avoir
la valeur que vous dites... Encore faudrait-il la voir? Ne deviez-vous
pas me la remettre, madame? dit negligemment le roi en la regardant.
--Votre Majeste ne pense pas que j'aurais ete assez insensee pour porter
sur moi un tel document?
--Evidemment, madame, vous n'etes pas femme a commettre une telle
imprudence! repondit Philippe froidement.
Fausta sentit venir l'orage; mais, intrepide, comme toujours, elle ne
recula pas. Et, toujours paisible:
--Votre Majeste l'aura des qu'elle m'aura fait connaitre sa decision au
sujet des propositions que j'ai eu l'honneur de lui faire.
--Je ne pourrai rien decider, madame, tant que je n'aurai pas vu ce
parchemin.
--Sans vous engager positivement, vous pourriez me laisser entrevoir vos
intentions.
--Mon Dieu, madame, tout ce que vous m'avez dit concernant la papesse
m'a singulierement interesse... Tout cela serait, a la rigueur,
realisable si vous etiez d'age respectable. Mais vraiment, vous, madame,
jeune et adorablement belle comme vous voila? Mais nous autres, pauvres
pecheurs, nous n'oserions jamais lever les yeux sur vous, car ce n'est
pas la veneration due au representant de Dieu que nous eprouverions
alors, mais l'adoration ardente et jalouse due a l'incomparable beaute
de la femme. Au lieu de sauver les ames, vous les damneriez a tout
jamais. Est-il possible? Vous revez de souverainete pontificale! Mais,
par la grace, par le charme, par la beaute, vous etes souveraine entre
les souveraines et votre puissance est si prestigieuse que la mienne
n'hesite pas a s'incliner devant elle.
Le roi avait commence a parler avec froideur. Peu a peu, emporte par
la violence de ses sentiments, il s'etait anime, et, c'est sur un ton
ardent, plus significatif que ses paroles assurement, qu'il avait
termine.
Fausta, sous son masque souriant, sentit gronder en elle une sourde
irritation.
Allait-elle donc maintenant, partout et toujours, se heurter a l'amour?
S'il en etait ainsi, elle n'avait
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