s mesures
furent accueillies, excepte deux qui susciterent quelques observations.
Thibaudeau trouva imprudent de punir de six mois de prison les
infracteurs de la loi sur les cultes; il dit avec raison que les eglises
n'etaient bonnes qu'a un seul usage, celui des ceremonies religieuses;
que le peuple, assez devot pour assister a la messe dans des reunions
particulieres, se verrait toujours prive avec un violent regret des
edifices ou elle etait celebree autrefois; qu'en declarant le
gouvernement etranger pour jamais aux frais de tous les cultes, on
aurait pu rendre les eglises aux catholiques, pour eviter des plaintes,
des emeutes, et peut-etre une Vendee generale. Les observations de
Thibaudeau ne furent pas accueillies; car en rendant les eglises aux
catholiques, meme a la charge par eux de les entretenir, on craignait
de rendre a l'ancien clerge des pompes qui etaient une partie de sa
puissance. Tallien, qui etait devenu journaliste avec Freron, et qui,
soit par cette raison, soit par une affectation de justice, voulait
proteger l'independance de la presse, s'opposa au bannissement des
ecrivains. Il soutint que la disposition etait arbitraire, et laissait
une latitude trop grande aux severites contre la presse. Il avait
raison; mais, dans cet etat de guerre ouverte avec le royalisme, il
importait peut-etre que la convention se declarat fortement contre ces
libellistes, qui s'empressaient de ramener sitot la France aux idees
monarchiques. Louvet, ce girondin si fougueux, dont les mefiances
avaient fait tant de mal a son parti, mais qui etait un des hommes les
plus sinceres de l'assemblee, se hata de repondre a Tallien, et conjura
tous les amis de la republique d'oublier leurs dissidences et leurs
griefs reciproques, et de s'unir contre l'ennemi le plus ancien, le seul
veritable qu'ils eussent tous, c'est-a-dire la royaute. Le temoignage de
Louvet en faveur des mesures violentes etait le moins suspect de tous,
car il avait brave la plus cruelle proscription pour combattre le
systeme des moyens revolutionnaires. Toute l'assemblee applaudit a sa
noble et franche declaration, vota l'impression et l'envoi de son
discours a toute France, et adopta l'article, a la grande confusion de
Tallien, qui avait si mal pris le moment pour soutenir une maxime juste
et vraie.
Ainsi, tandis que la convention avait ordonne la poursuite, le
desarmement des patriotes, et leur retour dans leurs communes, elle
venait en meme temps de renou
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