ts prisonniers, reputes terroristes, et jeterent leurs
cadavres dans le Rhone. La garde nationale fit quelques efforts pour
empecher ce massacre, mais ne montra peut-etre pas le zele qu'elle eut
deploye si moins de ressentimens l'avaient animee contre les victimes de
cette journee.
Ainsi, a peine le complot jacobin du 29 germinal avait ete connu, que
les contre-revolutionnaires y avaient repondu par le massacre du 5
floreal (24 avril) a Lyon. Les republicains sinceres, tout en blamant
les projets des terroristes, furent cependant alarmes de ceux des
contre-revolutionnaires. Jusqu'ici ils n'avaient ete occupes qu'a
empecher une nouvelle terreur, et ne s'etaient point effrayes du
royalisme: le royalisme, en effet, paraissait si eloigne apres les
executions du tribunal revolutionnaire et les victoires de nos armees!
Mais quand ils le virent, chasse en quelque sorte de la Vendee, rentrer
par Lyon, former des compagnies d'assassins, pousser des pretres
perturbateurs jusqu'au milieu de la France, et dicter a Paris meme des
ecrits tout pleins des fureurs de l'emigration, ils se raviserent, et
crurent qu'aux mesures rigoureuses prises contre les suppots de la
terreur, il fallait en ajouter d'autres contre les partisans de la
royaute. D'abord, pour laisser sans pretexte ceux qui avaient souffert
des exces commis, et qui en exigeaient la vengeance, ils firent
enjoindre aux tribunaux de mettre plus d'activite a poursuivre les
individus prevenus de dilapidations, d'abus d'autorite, d'actes
oppressifs. Ils chercherent ensuite les mesures les plus capables de
reprimer les royalistes. Chenier, connu par ses talens litteraires et
ses opinions franchement republicaines, fut charge d'un rapport sur ce
sujet. Il traca un tableau energique de la France, des deux partis qui
s'en disputaient l'empire, et surtout des menees ourdies par
l'emigration et le clerge, et il proposa de faire traduire sur-le-champ
tout emigre rentre devant les tribunaux, pour lui appliquer la loi; de
considerer comme emigre tout deporte qui, etant rentre en France, y
serait encore dans un mois; de punir de six mois de prison quiconque
violerait la loi sur les cultes et voudrait s'emparer de force des
eglises; de condamner au bannissement tout ecrivain qui provoquerait a
l'avilissement de la representation nationale ou au retour de la
royaute; enfin, d'obliger toutes les autorites chargees du desarmement
des terroristes, de donner les motifs de desarmement. Toutes ce
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