ournure aussi
favorable.
Sans doute Aurelien s'arrangeait pour voir Michel presque chaque jour,
pour le rencontrer par hasard et faire un tour de promenade avec lui.
Mais ces rencontres ne valaient pas une camaraderie journaliere telle
que celle qui s'etablit dans un cercle.
Si Aurelien, au lieu d'etre du cercle de Saint-Pierre, avait ete du club
de la Caccia, il aurait ete pres de Michel, alors que celui-ci jouait,
il aurait meme pu jouer avec lui, en tout cas il l'aurait surveille, il
aurait su au juste ce qu'il perdait, et dans des heures de deveine et de
detresse, rien n'eut ete plus naturel que d'offrir son portefeuille au
perdant; cela se faisait facilement, pour ainsi dire forcement.
De la des liens nouveaux et plus solides.
Au contraire, separes comme ils l'etaient, ne frequentant pas le meme
monde, il se trouvait que ce qui eut ete _action_ etait simplement
_recit_: grand desavantage pour Aurelien.
Encore ces recits etaient-ils bien souvent incomplets, et Aurelien
n'apprenait-il les pertes de "son ami" que par la mauvaise humeur de
celui-ci.
Dans les premiers temps, il avait nettement pose des questions a Michel:
Mais, un jour que Michel n'avait pas ete heureux, il s'etait fache.
--Pourquoi diable vous inquietez-vous toujours de mon jeu? Est-ce que
vous souhaitez ma ruine?
Et il avait fallu plus de circonspection et plus d'adresse.
De meme madame Pretavoine, pour avoir voulu aller trop vite avec
mademoiselle Emma, avait vu celle-ci prendre une figure glaciale le jour
ou elle avait soupconne qu'on voulait la faire parler sur sa maitresse.
Et cependant il fallait avancer du cote de Michel, aussi bien que du
cote de madame de la Roche-Odon, de maniere a les bien tenir l'un et
l'autre au moment ou, ayant reussi pour l'obtention du titre de comte,
on pourrait quitter Rome.
Le temps qu'on aurait ainsi employe loin de Conde et surtout loin de la
Rouvraye serait toujours trop long; il ne fallait donc pas l'allonger
encore, car, bien que madame Pretavoine recut chaque semaine des lettres
de l'abbe Armand et de l'abbe Colombe, et aussi de deux autres personnes
en etat de savoir ce qui se passait a la Rouvraye, elle n'etait
nullement rassuree, ayant laisse un ennemi dangereux pres de Berengere.
Ou en etaient les choses entre cette jeune imprudente et ce Richard de
Gardilane?
Que disait, que faisait Sophie?
Terribles questions pour elle, qui souvent rendaient bien longue sa nuit
sans som
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