roit de consentir legalement a son mariage, et qu'elle, de son cote,
n'etait pas encore maitresse de sa volonte.
La seule personne qui en ce moment avait le droit de consentir ou de
s'opposer a son mariage, c'etait sa mere, et dans les dispositions
d'hostilite et de haine ou celle-ci se trouvait, sinon envers sa fille
pour laquelle elle n'avait guere que de l'indifference,--au moins
envers lui, comte de la Roche-Odon,--il y avait tout a craindre qu'elle
repoussat Richard par cette seule raison que ce ne serait pas elle qui
l'aurait choisi.
Cela rendait sa situation tout a fait delicate et devait lui imposer une
extreme reserve a provoquer les confidences de sa petite-fille.
En effet, parler d'amour a Berengere, c'etait implicitement reconnaitre
qu'elle pourrait aimer, et c'etait la un aveu que les circonstances
rendaient particulierement dangereux.
Si elle eprouvait un sentiment tendre pour le capitaine, il se pouvait
tres-bien qu'elle ignorat la nature de ce sentiment ou qu'elle se
refusat a se l'expliquer elle-meme.
Avec une enfant innocente et pure comme elle l'etait, cela n'etait
nullement impossible.
Et il n'etait nullement impossible d'admettre aussi que si rien ne
venait provoquer l'explosion de ce sentiment, il pouvait se maintenir
longtemps encore a l'etat vague.
Or, en gagnant du temps, ils se rapprocheraient du moment ou Berengere
pourrait se passer du consentement de sa mere.
Que par un mot imprudent au contraire on provoquat une explosion, et
immediatement ce qui etait vague devenait precis; ce qui etait calme
devenait irresistible; l'amour qui s'ignorait se changeait en une
passion exigeante; les tourments, les souffrances naissaient.
Amene a cette conclusion par l'interet bien compris de sa petite-fille,
il s'y trouvait d'autre part maintenu par des considerations d'un ordre
tout different, puisqu'elles s'appliquaient a Richard de Gardilane, et
qui avaient a ses yeux une importance considerable.
Ce qu'il eprouvait pour le capitaine, c'etait plus que de la sympathie,
c'etait de l'amitie et de l'estime; il aimait son caractere ferme, sa
nature droite, son esprit ouvert; il l'estimait pour ce qu'il
avait appris de lui et pour ce qu'il en voyait chaque jour; il lui
reconnaissait de la politesse et de la distinction; il le trouvait
beau garcon, d'une beaute virile; pour la naissance, il le savait le
descendant d'une famille dont la noblesse avait des preuves ecrites
dans l'histoire du Mid
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