t soldat et il pouvait ne pas aimer les sermons.
M. de la Roche-Odon lui demontrant l'excellence de la religion parce que
cette religion etait excellente, ne serait pas ecoute comme M. de la
Roche-Odon, lui demandant une conversion qui ferait le mariage de sa
petite-fille.
Ah! si elle avait pu le prevenir et le styler!
Mais cela n'etant pas possible, elle voulut au moins ne pas rester dans
l'angoisse intolerable que le doute a propos de la reponse de Richard
lui causait, et pour cela elle se decida a l'interroger elle-meme pour
voir dans quelles dispositions il etait.
D'ailleurs, en le questionnant a ce sujet, ne pouvait-elle pas en meme
temps le precher?
Et il y avait certitude qu'il ne l'ecouterait pas d'une oreille
distraite.
Pourquoi ne le convertirait-elle pas elle-meme?
Elle n'avait, elle le reconnaissait, ni le savoir, ni l'eloquence, ni
l'autorite de son grand-pere; mais Richard ne l'ecouterait pas, elle en
etait certaine, comme il ecouterait M. de la Roche-Odon.
XXIV
Depuis que Sophie etait installee, avec son enfant, dans la chaumiere du
parc de la Rouvraye, Berengere et le capitaine avaient pris l'habitude
de se rencontrer la tous les jeudis, une heure avant le diner.
Cette habitude s'etait etablie tout naturellement et sans qu'il y eut
accord formel entre eux.
Le jeudi qui avait suivi le bapteme, le capitaine avait dit a Berengere
qu'avant de venir a la Rouvraye il s'etait arrete chez Sophie pour voir
son filleul, et le jeudi d'apres Berengere avait tout naturellement
eprouve le desir d'aller voir l'enfant qui etait aussi son filleul a
elle, une heure avant le diner.
Par un hasard bien surprenant en verite, le capitaine etait arrive juste
au moment ou elle tenait l'enfant dans ses bras et le faisait sauter.
Ils etaient un instant restes chez Sophie, puis ils s'etaient mis en
route pour la Rouvraye, accompagnes de Miss Armagh.
Et depuis, toujours bien servis par ce hasard de plus en plus
surprenant, ils s'etaient ainsi rencontres chaque jeudi, tantot
Berengere etant arrivee la premiere, tantot au contraire Richard l'ayant
devancee.
Ces visites hebdomadaires, sans compter celles que Berengere lui faisait
dans la semaine, etaient les grandes joies de Sophie.
Car malgre les promesses de M. de la Roche-Odon et malgre la protection
ouverte dont il la couvrait, elle etait traitee en paria par les gens
du chateau, meme par la femme de charge qui ne s'etait point montree la
bo
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