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Berengere, elle reflechissait: "Vous refusez votre consentement, c'est
bien; nous attendrons notre majorite; mais pendant ce temps, si une
succession nous echoit, vous n'en verrez pas un sou, attendu que vous
ne serez plus notre tutrice; au contraire, vous consentez? alors, pour
reconnaitre ce bon procede, nous vous offrons..." Nous aurions vu ce
qu'on pouvait lui offrir.
Le bonhomme Painel etait ordinairement econome de ses paroles, et s'il
continuait ainsi a developper son plan, ce n'etait pas par amour-propre
d'auteur ni par interet purement theorique. Seulement, comme il n'osait
pas revenir en droite ligne au _jamais_ de M. de la Roche-Odon, il
prenait un detour pour montrer comment on aurait reussi. Qui pouvait
savoir si, en face de ce succes certain, ce ne serait pas le comte
lui-meme qui reviendrait sur son _jamais_?
Il se crut d'autant mieux autorise a esperer ce resultat, que le comte,
apres qu'il eut cesse de parler, resta un moment silencieux en homme qui
reflechit.
--Il est evident qu'il y a du bon dans votre idee, dit-il enfin.
--Parbleu! tout est bon.
--Non, pas tout, mais une partie.
--Et laquelle?
--Celle qui a rapport a l'offre a faire a la vicomtesse pour obtenir,
disons le mot, pour acheter son consentement au mariage de sa fille.
Elle est femme a l'accepter.
--Vous pouvez en etre sur.
--Ce n'etait pas parce que j'en doutais que je l'ai repoussee tout a
l'heure, mais parce qu'elle a quelque chose de honteux. Cependant, comme
il faut avant tout songer au bonheur de Berengere, je crois que, le
moment venu, je tenterai cette negociation.
--Qui echouera ou qui vous ruinera, si elle n'est pas appuyee par la
cessation imminente de la tutelle! Tout se tient dans mon plan. Si
madame la vicomtesse de la Roche-Odon a l'esperance de rester tutrice,
elle ne consentira pas au mariage. En effet, son calcul est bien simple,
et si vous voulez me permettre de vous l'expliquer dans toute sa
brutalite, vous allez voir qu'il n'y a pas possibilite de scinder mon
moyen. Ce calcul le voici: madame la vicomtesse se dit que si vous
mourriez demain, dans six mois, dans un an, elle administrerait la
fortune de sa fille pendant trois ou quatre ans.
--Vous comptez jusqu'a la majorite de vingt et un ans.
--Sans doute.
--N'allez pas si vite; nous faisons emanciper ma petite-fille a l'age
de dix-huit ans, et alors si nous voulons nous marier, nous offrons, en
echange du consentement de
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