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ent il n'etait pas bien difficile de constater a quel moment elle avait change; c'etait peu de temps apres qu'elle avait ete marraine, avec le capitaine, de l'enfant de cette pauvre fille. Il y avait la un fait caracteristique et une date certaine. L'aimait-elle? C'etait la question qui se presentait et qui s'imposait a l'esprit du comte. Et c'etait precisement pour cela qu'il n'avait pas permis a miss Armagh de proceder a cet interrogatoire dont elle avait emis l'idee. Une pareille question ne prenait pas le comte a l'improviste. Bien souvent il l'avait examinee depuis que sa petite-fille lui avait ete confiee, non pas en la rapportant a telle ou telle personne, mais theoriquement et a un point de vue general. Que ferait-il quand elle aimerait? Comment se conduirait-il avec elle? Si un jour elle aimait, il ne s'opposerait certes pas a la naissance de cet amour, et d'une main dure et jalouse il ne comprimerait pas les premiers battements de son coeur. Au contraire, il les ecouterait et les suivrait dans leur developpement. Il se ferait le confident de sa fille. Et, autant que possible, il se ferait son guide. Elle l'aimait assez pour avoir pleine confiance en lui, elle lui dirait tout; il l'eclairerait, et d'une main douce il la soutiendrait. Mais alors qu'il s'etait arrete a ces idees, il n'avait pas cru que leur realisation dut se produire de sitot. Si Berengere aimait, ce serait plus tard, beaucoup plus tard. Elle n'etait qu'une enfant. Cela etait vrai alors. Mais l'enfant avait grandi. Seulement, ainsi qu'il arrive bien souvent, il ne l'avait pas vue grandir, et pour lui elle etait toujours, elle n'etait qu'une enfant. Quand il avait admis la possibilite de cet amour, il avait imagine que Berengere toucherait alors a un age qui lui permettrait de se marier sans le consentement de sa mere, c'est-a-dire qu'elle aurait de par la loi le droit de faire violence a ce consentement qu'on lui refuserait, au moyen de cet expedient qu'on appelle les actes respectueux. Mais ce n'etait pas ainsi que les choses se presentaient, si reellement elle aimait Richard de Gardilane. Elle etait loin, tres-loin de sa majorite. Et par ce fait seul il se trouvait place dans une facheuse condition pour provoquer les confidences au sujet du capitaine. En effet, que lui repondrait-il si elle lui confessait son amour? Il ne pouvait pas lui dire: "Je te le donne", puisqu'il n'avait pas le d
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