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-pere s'inquietait des croyances de Richard et voulait
l'amener a se convertir, c'etait donc qu'il n'etait point fache quelle
aimat Richard.
Cela etait d'une logique rigoureuse.
Fache de cet amour, il eut rompu avec Richard.
Au contraire, il voulait se rapprocher de lui par l'union de la foi.
Alors il admettait donc l'idee de le prendre pour gendre?
Cela encore etait logique.
Quelle joie!
Richard accueilli par son grand-pere!
Richard son mari!
Puisque c'etait son mari qu'elle aimait, elle n'avait plus a rougir.
Ce n'etait pas de ce moment qu'elle savait que son grand-pere desirait
la marier et la marier jeune.
Si elle n'avait pas connu dans tous leurs details les actes d'hostilite
qui s'etaient echanges entre son grand-pere et sa mere, elle en avait
assez appris pourtant pour ne pas ignorer les sentiments de haine dans
lesquels ils etaient l'un vis-a-vis de l'autre.
Bien qu'on se fut toujours cache d'elle et qu'on eut evite de parler de
sa mere quand elle pouvait entendre, elle avait saisi assez de paroles
au vol, et d'autre part elle avait devine assez de choses pour savoir
que la crainte supreme de son grand-pere, c'etait de mourir avant
qu'elle fut emancipee ou mariee.
De la le regime severe qu'il s'etait impose et dont elle souffrait
chaque fois qu'a table elle le voyait rester sur son appetit,
c'est-a-dire presque chaque jour.
De la les precautions excessives qu'il prenait pour sa sante.
De la cette crainte de la mort, dont il pouvait mourir plutot que de
toute autre maladie moins dangereuse, moins douloureuse assurement.
Si elle n'avait pas ete jusqu'a deviner tout ce que son grand-pere
redoutait, c'est-a-dire ce qui avait rapport au cote moral de son
existence pres de sa mere, elle avait en tout cas parfaitement compris
ce qu'il craignait quant a ce qui touchait le cote materiel de cette
existence, c'est-a-dire le gaspillage de l'heritage qu'il laisserait.
Elle avait garde un souvenir vivace de ce gaspillage, et elle avait
encore devant les yeux, la figure de ces gens vetus de noir, qui
parcouraient l'appartement de sa mere, se faisant ouvrir les meubles,
comptant le linge, pesant l'argenterie, et ecrivant cette enumeration
sur des feuilles de papier timbre qu'ils appelaient un proces-verbal de
saisie.
C'etait pour qu'elle ne fut pas exposee a ces dangers que son grand-pere
voulait, avant de mourir, l'emanciper ou la marier.
En se mariant elle assurait donc la tranquilli
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