un proces a madame la vicomtesse
de la Roche-Odon, duquel resulterait la preuve qu'elle est d'une
inconduite notoire....
--Cependant...
--Jamais; comment voulez-vous que je deshonore la mere de ma
petite-fille?...
--Qui veut la fin...
--Non, mille fois non; quand meme cette femme devrait dissiper
entierement ce que je laisserai, j'aimerais encore mieux cela que
d'exposer ma chere enfant a ne pas pouvoir penser a sa mere sans rougir.
Vous n'avez pas reflechi a cela, Painel.
--J'ai reflechi a sauver votre fortune; d'ailleurs il me semble que le
proces en separation de corps a revele assez de choses sur la conduite
de madame la vicomtesse, pour qu'un nouveau proces ne soit pas a
craindre.
--Berengere etait alors une enfant, et elle n'a su de ce proces que le
resultat; maintenant c'est une jeune fille, et il serait impossible de
lui cacher pourquoi sa mere n'est plus sa tutrice.
--N'en parlons plus, monsieur le comte, et renoncons a mon moyen.
Cependant, je vous avoue que pour moi ce n'est pas sans chagrin. Ah!
comme nous aurions manoeuvre! Il est certain, n'est-ce pas, que le
proces en destitution de tutelle aurait emu madame la vicomtesse; tout
d'abord nous aurions obtenu cette destitution du conseil de famille,
cela est certain. En votre qualite de subroge tuteur, vous auriez
poursuivi l'homologation de cette deliberation devant le tribunal; la
madame la vicomtesse se serait defendue, car on peut bien dire, il faut
meme dire qu'elle se flatte d'avoir un jour l'administration de la
fortune que vous laisserez a sa fille, et elle n'eut jamais adhere a la
deliberation ni a l'entree en fonctions du nouveau tuteur, qui n'aurait
ete autre que vous, monsieur le comte.
--Assurement elle se serait defendue, et c'est pour cela que je repousse
votre moyen.
--Nous n'aurions pas ete jusqu'au bout du proces; mais au moment ou
l'affaire aurait ete engagee de telle sorte que madame la vicomtesse
eut bien vu qu'elle aurait ete perdue pour elle, nous aurions introduit
notre demande en consentement au mariage, et nous aurions fait notre
offre. La situation etait bien simple, et telle qu'une femme comme
madame la vicomtesse la comprenait tout de suite et se voyait battue.
Si elle refusait de consentir au mariage de sa fille, le proces en
destitution de tutelle continuait, et comme madame la vicomtesse
etait assuree d'etre destituee, c'est-a-dire de n'avoir jamais
l'administration de la fortune que vous laisserez un jou
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