se noyer et il verrait
leurs efforts; s'ils touchaient le port, eh bien! cela aurait ete une
lutte curieuse qui lui aurait fait passer quelques bons moments.
S'ils sombraient, tant pis pour eux; les denouements tristes valent les
denouements gais; au moins il pensait ainsi, ayant l'esprit ouvert et
nullement exclusif.
Quand madame Pretavoine se presenta avec Aurelien, il fut parfait de
bonne grace et d'affabilite pour celui-ci.
Il est vrai qu'il eprouva une certaine surprise en voyant un jeune homme
elegant dans sa mise, correct dans sa tenue, au lieu du lourdaud qu'il
s'attendait a trouver.
Il le fit asseoir vis-a-vis son fauteuil, et comme il avait suffisamment
regarde la mere, lors des premieres visites de celle-ci, ce fut le fils
qu'il regarda et qu'il examina.
Le pied etait petit, mais un peu trop court, la main etait soignee, le
geste etait etudie, le regard habilement voile ne disait rien, quoiqu'il
put, a l'occasion et selon la volonte, exprimer la beatitude ou la
moquerie.--Ce garcon-la aussi etait quelqu'un, et il n'y avait aucune
outrecuidance a demander la noblesse pour lui.
--Allons, tant mieux, se dit l'eveque; si intellectuellement le fils
vaut la mere, la comedie sera bien jouee.
Puis, tout de suite, s'adressant a madame Pretavoine, il lui expliqua
pourquoi il avait desire la voir.
--La necessite ou nous sommes d'attendre plus ou moins longtemps le
modele de l'eglise d'Hannebault, va prolonger votre sejour a Rome
au dela des limites que vous vous etiez peut-etre fixees. Dans ces
circonstances, j'ai pense que la vie d'hotel vous serait fatigante.
--Elle nous l'est deja, dit Aurelien, et nous songions a prendre un
appartement.
--Je ne vous engage pas a cela, il faudrait vous faire servir et vous
auriez des ennuis de toutes sortes. Mais nous avons ici une maison
respectable dans laquelle vous pourriez trouver le calme uni au
bien-etre qui vous sont necessaires. Cette maison, qui n'est point un
hotel, qui n'est meme pas une maison meublee, car elle ne s'ouvre pas
devant tous ceux qui frappent a sa porte, est tenue par deux vieilles
demoiselles francaises dont vous avez sans doute entendu parler: les
demoiselles Bonnefoy.
La mere et le fils firent un meme signe pour dire qu'ils n'avaient pas
l'honneur de connaitre les demoiselles Bonnefoy.
--On n'est ordinairement recu dans cette respectable maison qu'apres
presentation, ou quand on porte un grand nom de la noblesse ou du clerge
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