'ait point interroge ses sujets apres les experiences pour leur faire
rendre compte pourquoi ils avaient ete sensibles a telle suggestion et non
a telle autre.
Nous ne savons pas encore quel parti on pourrait tirer de tout cela pour la
psychologie individuelle.
Les prestidigitateurs, que Sidis ne cite pas, font depuis longtemps des
experiences analogues aux siennes.
Les prestidigitateurs ont le secret d'un moyen qui permet d'agir sur le
choix d'une personne a son insu; mais l'effet de cette experience est,
parait-il, si inconstant qu'on commettrait une faute en y comptant trop;
on opere de la maniere suivante: trois objets ranges a cote les uns des
autres, trois cartes, trois muscades, trois oeufs, enfin trois objets
quelconques, sont presentes a une personne pour qu'elle en designe un; on
n'ajoute rien, on n'exerce aucune pression avec le geste ou la parole; ceux
qui ont eu l'occasion de presenter ainsi des objets disent que le plus
souvent c'est l'objet du milieu qui est choisi. Pourquoi? Je n'ai pas pu
en deviner la raison. Un prestidigitateur, M. Arnould, m'a propose
l'explication suivante, qui est fort ingenieuse: on designe le plus souvent
l'objet du milieu, dit-il, parce que c'est l'objet le plus facile a
designer. Dans cette experience, l'operateur et le spectateur sont face a
face; si le spectateur designe l'objet de gauche, il faudra ajouter qu'il
entend parler de la gauche de l'operateur ou de sa gauche a lui; comme on
ne lui demande qu'un mot, il designe l'objet du milieu; c'est plus commode.
On peut egalement prevoir le choix s'exercant entre vingt et trente objets
differents; la difficulte parait cependant beaucoup plus grande. Decremps
nous en fournit un exemple. Cet ancien auteur decrit un tour dans lequel on
etale sur une table quinze paquets de deux cartes chacun, et on prie
les spectateurs de penser chacun a un paquet au hasard; peu importe que
plusieurs pensent le meme ou non. Or, remarque bien ingenieuse, si l'on a
forme un paquet de deux cartes notables et de meme couleur, telles que
le roi et la reine de coeur, on est presque assure que sur cinq a six
spectateurs, il y en aura deux ou trois qui penseront a ce paquet.
Pourquoi? Parce qu'ils trouveront, dit Decremps, plus facile de retenir
dans leur memoire le roi et la dame de coeur, que deux autres cartes mal
accouplees, telles que le sept de carreau et l'as de pique. On voit que
c'est toujours le meme principe. Entre plusieurs actes possibl
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