dee de la symetrie ne serait pas imposee par les habitudes
de l'ecriture et du dessin. Je me suis adresse a une classe de 43 enfants
d'ecole primaire, ayant en moyenne six ans, et ne sachant pas encore ecrire
autre chose que des barres. Je leur fais tracer un carre, et ensuite
des lignes dans le carre, a leur fantaisie; l'experience est faite
collectivement. Or, dans toutes les figures, sauf deux, le dessin des
lignes traduit la symetrie la plus nette; les lignes sont tracees d'un bout
a l'autre du carre; dans 34 figures, il y a des horizontales, dans 38 des
verticales, et dans 10 seulement des diagonales (ce qui prouve que l'idee
de la diagonale est plus complexe que celle de l'horizontale et de la
verticale). Ces experiences demontrent par consequent que la tendance a la
symetrie dans les dessins est anterieure a la periode d'instruction. (Voir
p. 78 la serie de figures qui ont ete dessinees; nous indiquons au-dessous
de chacune le nombre d'enfants qui l'ont dessinee.)
Pour completer nos renseignements sur cette experience, ajoutons que les
feuilles de papier sur lesquelles les enfants ont fait leurs dessins
avaient 16 centimetres sur 10 centimetres; les carres qu'ils ont traces ont
en moyenne deux centimetres de cote.
5 deg. LES DEUX CERCLES
On trace un petit cercle d'un centimetre de diametre, et on prie le sujet
de tracer, exactement a 3 centimetres de distance, un second cercle. La
tendance spontanee et presque universelle est de tracer un second cercle
egal au premier. On recommence en faisant un cercle assez grand, de 6
centimetres de diametre, et la personne, en cherchant a garder cette meme
distance de 3 centimetres, se conforme de nouveau au modele qu'on lui
fournit et fait un cercle de 6 centimetres environ; rien n'est plus curieux
et comique que ces changements que le sujet fait subir au cercle qu'il
trace pour imiter l'experimentateur. Si on analyse avec grand soin son etat
mental, on voit qu'il ne s'est pas imagine nettement qu'on lui avait dit de
faire des cercles semblables; il peut le soutenir a tort; en realite,
il n'a pas cru se conformer a une demande expresse, il a fait cela
_machinalement_, en se laissant impressionner a son insu par l'image du
cercle qu'il avait sous les yeux. C'est de la meme facon qu'on eleve la
voix pour parler a quelqu'un qui parle fort ou qu'au contraire on se met a
l'unisson de quelqu'un qui parle bas et lentement, ou qu'on racle sa gorge
dans une bibliotheque quand on
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