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forts courageux. Tu n'en es que plus, admirable, mon ami, de te soumettre a de tels ennuis. Parle-moi de vertu, d'heroisme une autre fois; et non de raison ni d'espoir de guerison. Tu souffres, tu vis, c'est bien. Mais, moi, je n'ai pas tant de vertu. Tous les espoirs m'abandonnent, tous mes sujets de consolation tombent dans l'abime, ou tremblent battus des vents sur le bord, pres d'y tomber a leur tour. Je ne veux pas t'entretenir de ma tristesse: tu es triste toi-meme, et tes chagrins maintenant m'occupent plus que les miens. C'est donc a mon tour de te consoler et de t'encourager. Je ne l'aurais pas cru! Mais pourquoi pas, au reste? J'ai fini pour mon compte, je m'en vais, je n'ai besoin de rien. Toi, tu restes ici-bas. Un tendre adieu, l'etreinte affectueuse d'une ame, qui ne se detachera jamais de toi, et qui priera pour toi dans une autre vie, peuvent adoucir ton epreuve. Eh bien, mon vieux ami, benis Dieu qui t'a donne du courage et ne neglige pas ses dons. Il t'en coutera peu, et cette separation ne changera rien a notre sort; car, depuis des annees, nous vivons presque toujours eloignes et comme perdus l'un pour l'autre. Voila deux ans que nous ne nous etions vus, et, si j'avais a vivre, deux ans encore se passeraient peut-etre sans que je revinsse au pays. Quant a toi, mon ami, je desire, avant tout, que ton existence soit la moins mauvaise possible. Ne t'attriste plus de mes douleurs; envoie-moi une larme ou un sourire, sur l'aile de quelque oiseau voyageur, qui laissera tomber ce don en passant sur ma tete; soit que je dorme sous le gazon, soit que, enlevant ma fille, j'aille vivre en ermite a l'ile Maurice ou a la Louisiane. Retourne tranquille a ton ajoupa, a ta brouette, a tes livres, a tes enfants surtout. Console-toi des ennuis comme tu sais le faire avec une bouffonne et inoffensive pointe d'ironie contre ta destinee. Accomplis ta tache. Ou que je sois, je penserai a toi, et te benirai de cette amitie qui, en toi, a survecu aux mecomptes, aux contrarietes, aux obstacles, a l'absence et a mon apparent oubli. CXX A M. FRANCOIS ROLLINAT, A CHATEAUROUX Nohant, 20 septembre 1834. Je voulais t'ecrire une longue lettre tout de suite apres ton depart; mais je n'ai trouve aucun argument a te donner en faveur de mes idees. Il ne s'agit la que d'un sentiment, que d'un instinct d'heroisme qui est exceptionnel tout a fait, et dont je n'oserais parler ser
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