en plus vivement que Vergniaud. Personne, selon lui, n'avait conspire;
mais les apparences, s'il y en avait, etaient bien plus contre les
montagnards et les jacobins qui avaient eu des relations avec Dumouriez et
Egalite, que contre les girondins qui etaient brouilles avec tous deux.
"Qui etait, s'ecrie Guadet, qui etait avec Dumouriez aux Jacobins, aux
spectacles? Votre Danton.--Ah! tu m'accuses, s'ecrie Danton; tu ne connais
pas ma force!"
La fin du discours de Guadet est remise au lendemain. Il continue a
rejeter toute conspiration, s'il y en a une, sur les Montagnards. Il lit,
en finissant, une adresse qui, comme celle de la Halle-aux-Bles, etait
signee par Marat. Elle etait des jacobins, et Marat l'avait signee comme
president de la societe. Elle renfermait ces paroles que Guadet lit a
l'assemblee: _Citoyens, armons-nous! La contre-revolution est dans le
gouvernement, elle est dans le sein de la convention. Citoyens,
marchons-y, marchons!_
"Oui, s'ecrie Marat de sa place, oui, marchons!" A ces mots, l'assemblee
se souleve, et demande le decret d'accusation contre Marat. Danton s'y
oppose, en disant que des deux cotes de l'assemblee on paraissait d'accord
pour accuser la famille d'Orleans, qu'il fallait donc l'envoyer devant les
tribunaux, mais qu'on ne pouvait accuser Marat pour un cri jete au milieu
d'une discussion orageuse. On repond a Danton que les d'Orleans ne doivent
plus etre juges a Paris, mais a Marseille. Il veut parler encore, mais,
sans l'ecouter, on donne la priorite au decret d'accusation contre Marat,
et Lacroix demande qu'il soit mis sur-le-champ en arrestation. "Puisque
mes ennemis, s'ecrie Marat, ont perdu toute pudeur, je demande une chose:
le decret est fait pour exciter un mouvement; faites-moi donc accompagner
par deux gendarmes aux Jacobins, pour que j'aille leur recommander la
paix." Sans ecouter ces ridicules boutades, il est mis en arrestation, et
on ordonne la redaction de l'acte d'accusation pour le lendemain a midi.
Robespierre courut aux Jacobins exprimer son indignation, celebrer
l'energie de Danton, la moderation de Marat, et leur recommander d'etre
calmes, afin qu'on ne put pas dire que Paris s'etait insurge pour delivrer
un jacobin.
Le lendemain, l'acte d'accusation fut lu et approuve par l'assemblee, et
l'accusation, tant de fois proposee contre Marat, fut serieusement
poursuivie devant le tribunal revolutionnaire.
C'etait le projet d'une petition contre les girondins qu
|