s avec M. Nefftzer, qui etait a _la Presse_ et qui
dirige a present _le Temps_? Si tu ne lui as rien offert et rien envoye,
je pourrais lui parler de ce roman avec un certain detail et le lui
proposer.
Reponds-moi tout de suite. J'embrasse Eugenie et toi de tout coeur.
G. SAND.
DIII
A M. CHARLES PONCY, A TOULON
Nohant, 28 decembre 1861.
Un mot seulement aujourd'hui, cher enfant. C'est le moment des masses de
lettres a lire et a ecrire, pas toutes amusantes et on manque de temps
pour les meilleures.
J'ai lu le poeme, qui est tres bon et tres touchant. J'ai fait, sur le
chant cinquieme, quelques observations que je recopierai au premier jour
pour vous les envoyer. Le temps des vers est fini, c'est vrai, et cela
n'est plus ni retentissant ni lucratif. Il n'y a plus que Victor Hugo
qui se fasse ecouter.
Mais, si vous pouvez encore vous faire editer par souscription, il ne
peut nuire a votre reputation d'etre lu et goute par vos compatriotes,
et par le petit nombre de gens dissemines partout, qui s'interessent
encore a la poesie.
Pourtant, je vous dirai aussi qu'il ne convient peut-etre plus a votre
position de demander des souscripteurs. C'est bien quand on est tres
jeune et tres pauvre. Plus tard, c'est moins bien. On peut dire au
poete: "Vous avez quelques sous d'economie, payez votre gloire."
Et je ne vous conseille pas d'entamer ces economies, avenir de votre
fille, pour payer la fumee d'un succes bien restreint et bien ephemere,
par le temps qui court. Achetez plutot la barque, tout en chantant
la mer. Vos poesies ne perdront pas pour attendre. Ces mauvais jours
d'indifference, vous etes encore assez jeune pour les voir passer.
Merci pour les souhaits; mon coeur vous les renvoie et vous benit.
A SOLANGE PONCY
Bonjour et bon an a ma bonne Desiree, et a ma chere Solangette. Vous
etes bien gentilles de m'ecrire; mais c'est bien laid a la petite maman
d'etre malade. Heureusement, Solange va la ressusciter, au premier de
l'an, par de vives caresses et des souhaits charmants. Je benis la mere
et la fille, moi, la grand'-mere, et je les embrasse de toute mon ame.
A ANAIS
Merci, ma mignonne Anais, de votre bon souvenir. Je ne suis pas votre
bienfaitrice: je suis une amie qui vous est devouee et qui vous prie de
l'aimer. Voila tout.
Une bonne poignee de main au cher pere et a Baptistin, et bonne sante,
bonne chance a vous tous!
DIV
A SON
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