erte qui est une revolution et donne
la gloire a celui qui l'a faite. De meme pour le cancer, j'ai trouve
son micro-organisme. Mais tout n'est pas dit. Et voila ce qu'il me faut
abandonner en quittant Paris.
--Pourquoi abandonner? Ne peux-tu pas continuer tes recherches en
Auvergne?
-C'est impossible pour toute sorte de raisons trop longues a expliquer,
mais dont une seule suffira. Les cultures de ces parasites ne peuvent se
faire que dans certaines temperatures rigoureusement maintenues au degre
voulu, et ces temperatures ne peuvent etre obtenues que dans des etuves
comme celle de mon laboratoire, alimentees par le gaz dont l'entree est
reglee automatiquement par le plus ou moins de chaleur de l'eau. Comment
veux-tu que cette etuve fonctionne dans un pays ou il n'y a pas de gaz?
Non, non, si je quitte Paris, tout est fini position aussi bien que
travail; je deviens medecin de village et rien que medecin de village.
Que les huissiers me mettent dehors demain, et tout ce que j'ai accumule
depuis quatre ans dans ce laboratoire, tous mes travaux en train, ce qui
est acheve comme ce qui ne demande plus peut-etre que quelques jours,
que quelques heures, s'en va chez le brocanteur ou est jete a la rue. De
tant d'efforts, de tant de nuits passees, de tant de privations, de tant
d'esperances, il ne reste qu'un souvenir... pour moi. Et encore s'il ne
restait pas, peut-etre serais-je moins exaspere et accepterais je d'un
coeur moins ulcere la vie a laquelle je ne me resignerai jamais. Tu sais
bien, que je suis un revolte, non un resigne.
Elle se leva et, lui prenant la main qu'elle serra fortement:
--Il faut rester a Paris, dit-elle. Pardonne-moi d'avoir insiste tout a
l'heure pour te prouver que tu pouvais vivre dans ton village. C'etait
a moi que je pensais plus qu'a toi, a notre amour, a notre mariage;
c'etait une pensee egoiste, une mauvaise, pensee. Il faut chercher, il
faut trouver un moyen, n'importe lequel, quoi qu'il puisse couter, de ne
pas renoncer a tes travaux.
--Il faut! Mais comment? Crois-tu que je n'aie pas tout epuise?
Il raconta ses demarches aupres de Jardine, ses sollicitations, ses
prieres et aussi sa demande de pret a Glady, enfin sa visite a Caffie.
--Caffie! s'ecria-t-elle, comment l'idee t'est-elle venue de t'adresser
a Caffie?
--Un peu parce que tu m'avais souvent parle de lui.
--Mais je t'en ai parle comme du plus dur et du plus mechant des hommes,
capable de tout, si ce n'est de ce
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