s et la famille
Bonaparte, concouraient au meme but dans des vues differentes, mais
toutes egalement funestes a la republique. Dans cette persuasion, il ne
voulait pas que les anciens directeurs abandonnassent leur poste. En
consequence, il courut chez Treilhard, et l'engagea a resister. "Avec
Merlin et moi, lui dit-il, vous formerez la majorite, et nous nous
refuserons a l'execution de cette determination du corps legislatif,
comme illegale, seditieuse, et arrachee par une faction." Treilhard
n'osa pas suivre cet avis, et envoya sur-le-champ sa demission aux
cinq-cents.
Larevelliere, voyant la majorite perdue, n'en persista pas moins a
refuser sa demission, si on la lui demandait. Les meneurs des cinq-cents
resolurent de donner tout de suite un successeur a Treilhard. Sieyes
aurait voulu faire nommer un homme a sa devotion; mais son influence
fut nulle dans cette occasion. On nomma un ancien avocat de Rennes,
president actuel du tribunal de cassation, et connu pour appartenir
plutot a l'opposition patriote qu'a l'opposition constitutionnelle.
C'etait Gohier, citoyen probe et devoue a la republique, mais peu
capable, etranger a la connaissance des hommes et des affaires. Il fut
nomme le 29 prairial, et dut etre installe le lendemain meme.
Ce n'etait pas assez d'avoir exclu Treilhard, on voulait arracher du
directoire Larevelliere et Merlin. Les patriotes surtout etaient furieux
contre Larevelliere; ils se souvenaient que quoique regicide, il n'avait
jamais ete montagnard, qu'il avait lutte souvent contre leur parti
depuis le 9 thermidor, et que l'annee precedente il avait encourage le
systeme des scissions. En consequence, ils menacerent de le mettre
en accusation, lui et Merlin, s'ils ne donnaient pas tous deux leur
demission. Sieyes fut charge de faire une premiere ouverture, pour les
engager a ceder volontairement a l'orage.
Le 29 au soir, jour de la sortie de Treilhard, Sieyes proposa une
reunion particuliere des quatre directeurs chez Merlin. On s'y rendit.
Barras, comme si on se fut trouve en danger, y vint avec le sabre au
cote, et n'ouvrit point la bouche. Sieyes prit la parole avec embarras,
fit une longue digression sur les fautes du gouvernement, et balbutia
longtemps avant d'en venir au veritable objet de la reunion. Enfin
Larevelliere le somma de s'expliquer clairement. "Vos amis, repondit
Sieyes, et ceux de Merlin vous engagent tous deux a donner votre
demission." Larevelliere demanda quels etaient c
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