aquer Larevelliere, il se dechaina contre Merlin qu'il detestait, fit
de lui la peinture la plus ridicule et la plus fausse, et le representa
comme une espece de fier-a-bras, meditant, avec une reunion de
coupe-jarrets, un coup d'etat contre ses collegues et les conseils.
Larevelliere, venant au secours de Merlin, prit aussitot la parole,
et demontra l'absurdite de pareilles imputations. Rien dans le
jurisconsulte Merlin, en effet, ne ressemblait a ce portrait.
Larevelliere retraca alors l'historique de toute l'administration du
directoire, et le fit avec detail pour eclairer les ministres et le
directeur entrant. Barras etait dans une perplexite cruelle; il se
leva enfin, en disant: "Eh bien! c'en est fait, les sabres sont
tires.--Miserable, lui repondit Larevelliere avec fermete, que parles-tu
de sabres? Il n'y a ici que des couteaux, et ils sont diriges contre des
hommes irreprochables, que vous voulez egorger, ne pouvant les entrainer
a une faiblesse."
Gohier voulut alors servir de conciliateur, mais ne put y reussir. Dans
ce moment, plusieurs membres des cinq-cents et des anciens s'etant
reunis, vinrent prier les deux directeurs de ceder, en promettant qu'il
ne serait point dirige contre eux d'acte d'accusation. Larevelliere leur
repondit avec fierte qu'il n'attendait point de grace, qu'on pouvait
l'accuser, et qu'il repondrait. Les deputes qui s'etaient charges de
cette mission retournerent aux deux conseils, et y causerent un nouveau
soulevement en rapportant ce qui s'etait passe. Boulay (de la Meurthe)
denonca Larevelliere, avoua sa probite, mais lui preta mal a propos des
projets de religion nouvelle, et accusa beaucoup son entetement, qui
allait, dit-il, perdre la republique. Les patriotes se dechainerent avec
plus de violence que jamais, et dirent que puisqu'ils s'obstinaient, il
ne fallait faire aucune grace aux directeurs.
L'agitation etait au comble, et la lutte se trouvant engagee, on ne
savait plus jusqu'ou elle pourrait etre poussee. Beaucoup d'hommes
moderes des deux conseils se reunirent, et dirent que, pour eviter des
malheurs, il fallait aller conjurer Larevelliere de ceder a l'orage. Ils
se rendirent aupres de lui dans la nuit du 30, et le supplierent, au nom
des dangers que courait la republique, de donner sa demission. Ils lui
dirent qu'ils etaient exposes tous aux plus grands perils, et que s'il
s'obstinait a resister, ils ne savaient pas jusqu'ou pourrait aller la
fureur des partis. "Mais ne
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