n armee devint elle-meme cette
armee du Danube. Alors il fallait tout reunir dans ses mains, loin de
l'affaiblir. Dans le plan de Bernadotte, une armee devait etre
formee sur les Grandes-Alpes, pour couvrir la frontiere contre les
Austro-Russes du cote du Piemont. Joubert, reunissant les debris de
toutes les armees d'Italie, et renforce des troupes disponibles a
l'interieur, devait deboucher de l'Apennin, et attaquer Suwarow de vive
force.
Ce plan, fort approuve par Moulins, fut envoye aux generaux. Massena,
fatigue de tous ces projets extravagans, offrit sa demission. On ne
l'accepta pas, et le plan ne fut point mis a execution. Massena
conserva le commandement de toutes les troupes, depuis Bale jusqu'au
Saint-Gothard. On persista dans le projet de reunir une armee sur le
Rhin pour couvrir cette ligne. On forma un noyau d'armee sur les Alpes,
sous les ordres de Championnet. Ce noyau etait a peu pres de quinze
mille hommes. On envoya tous les renforts disponibles a Joubert, qui
devait deboucher de l'Apennin. On etait au milieu de la saison, en
messidor (juillet); les renforts commencaient a arriver. Un certain
nombre de vieux bataillons, retenus dans l'interieur, etaient rendus sur
la frontiere. Les conscrits s'organisaient et allaient remplacer les
vieilles troupes dans les garnisons. Enfin, comme les cadres manquaient
pour la grande quantite de conscrits, on avait imagine d'augmenter
le nombre des bataillons dans les demi-brigades ou regimens, ce qui
permettait d'incorporer les nouvelles levees dans les anciens corps.
On savait qu'un renfort de trente mille Russes arrivait en Allemagne,
sous les ordres du general Korsakoff. On pressait Massena de sortir de
ses positions et d'attaquer celles de l'archiduc, pour tacher de
le battre avant sa jonction avec les Russes. Le gouvernement avait
parfaitement raison sous ce rapport, car il etait urgent de faire une
tentative avant la reunion d'une masse de forces aussi imposante.
Cependant Massena refusait de prendre l'offensive, soit qu'il manquat
ici de son audace accoutumee, soit qu'il attendit la reprise des
operations offensives en Italie. Les militaires ont tous condamne son
inaction, qui, du reste, devint bientot heureuse par les fautes de
l'ennemi, et qui fut rachetee par d'immortels services. Pour obeir
cependant aux instances du gouvernement, et executer une partie du
plan de Bernadotte, qui consistait a empecher les Austro-Russes de
communiquer d'Allemagne en Ital
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