e organisation politique. Il etait le chef du parti qui se
qualifiait de modere ou de constitutionnel, et dont tous les membres
cependant souhaitaient une constitution nouvelle. Il n'avait de collegue
devoue que Roger-Ducos. Moulins et Gohier, tous deux chauds patriotes,
incapables de concevoir autre chose que ce qui existait, voulaient la
constitution actuelle, mais voulaient l'executer et l'interpreter dans
le sens des patriotes. Quant a Barras, appele naturellement a les
departager, qui pouvait compter sur lui? Ce chaos de vices, de passions,
d'interets, d'idees contraires, que presentait la republique mourante,
il en etait a lui seul l'embleme vivant. La majorite, dependant de sa
voix, etait donc commise au hasard.
Sieyes dit assez nettement a ses nouveaux collegues qu'ils prenaient la
direction d'un gouvernement menace d'une chute prochaine, mais qu'il
fallait sauver la republique si on ne pouvait sauver la constitution. Ce
langage deplut fort a Gohier et a Moulins, et fut mal accueilli par eux.
Aussi des le premier jour les sentimens parurent peu d'accord. Sieyes
tint le meme langage a Joubert, le general qu'on voulait engager dans le
parti reorganisateur. Mais Joubert, vieux soldat de l'armee d'Italie, en
avait les sentimens; il etait chaud patriote, et les vues de Sieyes lui
parurent suspectes. Il s'en ouvrit secretement a Gohier et a Moulins,
et parut se rattacher entierement a eux. Du reste, c'etaient la des
questions qui ne pouvaient arriver qu'ulterieurement en discussion. Le
plus pressant etait d'administrer et de defendre la republique menacee.
La nouvelle de la bataille de la Trebbia, repandue partout, jetait
tous les esprits dans l'alarme. Il fallait de grandes mesures de salut
public.
Le premier soin d'un gouvernement est de faire tout le contraire de
celui qui l'a precede, ne serait-ce que pour obeir aux passions qui
l'ont fait triompher. Championnet, ce heros de Naples si vante, Joubert,
Bernadotte, devaient sortir des fers ou de la disgrace, pour occuper les
premiers emplois. Championnet fut mis sur-le-champ en liberte et nomme
general d'une nouvelle armee qu'on se proposait de former le long des
Grandes-Alpes. Bernadotte fut charge du ministere de la guerre. Joubert
fut appele a commander l'armee d'Italie. Ses triomphes dans le Tyrol,
sa jeunesse, son caractere heroique, inspiraient les plus grandes
esperances. Les reorganisateurs lui souhaitaient assez de succes et de
gloire pour qu'il put appuy
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