l'insurrection le 9 aout au soir; la
fermete qu'il deploya pendant les douze heures de l'insurrection. Suffoque
ici d'indignation, en songeant au reproche qu'on lui fait de s'etre cache
au moment du 10 aout: "Ou sont, s'ecrie-t-il, les hommes qui eurent besoin
de presser Danton pour l'engager a se montrer dans cette journee? Ou sont
les etres privilegies dont il a emprunte l'energie? Qu'on les fasse
paraitre, mes accusateurs!... j'ai toute la plenitude de ma tete lorsque je
les demande ... je devoilerai les trois plats coquins qui ont entoure et
perdu Robespierre ... qu'ils se produisent ici, et je les plongerai dans le
neant, dont ils n'auraient jamais du sortir...." Le president veut
interrompre de nouveau Danton, et agite sa sonnette. Danton en couvre le
bruit avec sa voix terrible. "Est-ce que vous ne m'entendez pas? lui dit le
president.--La voix d'un homme, reprend Danton, qui defend son honneur et
sa vie, doit vaincre le bruit de ta sonnette." Cependant il etait fatigue
d'indignation; sa voix etait alteree; alors le president l'engage avec
egard a prendre quelque repos, pour recommencer sa defense avec plus de
calme et de tranquillite.
Danton se tait. On passe a Camille, dont on lit _le Vieux Cordelier_, et
qui se revolte en vain contre l'interpretation donnee a ses ecrits. On
s'occupe ensuite de Lacroix dont on rappelle amerement la conduite en
Belgique, et qui, a l'exemple de Danton, demande la comparution de
plusieurs membres de la convention, et insiste formellement pour l'obtenir.
Cette premiere seance causa une sensation generale. La foule qui entourait
le Palais de Justice, et s'etendait jusque sur les ponts, parut
singulierement emue. Les juges etaient epouvantes; Vadier, Vouland, Amar,
les membres les plus mechans du comite de surete generale, avaient assiste
aux debats, caches dans l'imprimerie attenant a la salle du tribunal, et
communiquant avec cette salle par une petite lucarne. De la ils avaient vu
avec effroi l'audace de Danton et les dispositions du public. Ils
commencaient a douter que la condamnation fut possible. Hermann et Fouquier
s'etaient rendus, immediatement apres l'audience, au comite de salut
public, et lui avaient fait part de la demande des accuses qui voulaient
faire paraitre plusieurs membres de la convention. Le comite commencait a
hesiter; Robespierre s'etait retire chez lui; Billaud et Saint-Just etaient
seuls presens. Ils defendent a Fouquier de repondre, lui enjoignent de
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