er de faire
comparaitre les temoins qu'ils ont demandes. Ils exigent plus encore; ils
veulent que la convention nomme une commission pour recevoir les
denonciations qu'ils ont a faire contre le projet de dictature qui se
manifeste chez les comites. Fouquier, embarrasse, ne sait plus quelle
reponse leur faire. Dans le moment, un huissier vient l'appeler. Il passe
dans la salle voisine, et trouve Amar et Vouland, qui, tout essouffles
encore, lui disent: "Nous tenons les scelerats, voila de quoi vous tirer
d'embarras;" et ils lui remettent le decret que Saint-Just venait de faire
rendre. Fouquier s'en saisit avec joie, rentre a l'audience, demande la
parole, et lit le decret affreux. Danton, indigne, se leve alors: "Je
prends, dit-il, l'auditoire a temoin que nous n'avons pas insulte le
tribunal.--C'est vrai! disent plusieurs voix dans la salle." Le public
entier est etonne, indigne meme du deni de justice commis envers les
accuses. L'emotion est generale; le tribunal est intimide. "Un jour, ajoute
Danton, la verite sera connue.... Je vois de grands malheurs fondre sur la
France.... Voila la dictature; elle se montre a decouvert et sans
voile...." Camille, en entendant parler du Luxembourg, de Dillon, de sa
femme, s'ecrie avec desespoir: "Les scelerats! non contens de m'egorger,
moi, ils veulent egorger ma femme!" Danton apercoit dans le fond de la
salle et dans le corridor, Amar et Vouland, qui se cachaient pour juger de
l'effet du decret. Il les montre du poing: "Voyez, s'ecrie-t-il, ces laches
assassins; ils nous poursuivent, ils ne nous quitteront pas jusqu'a la
mort!" Vadier et Vouland, effrayes, disparaissent. Le tribunal, pour toute
reponse, leve la seance.
Le lendemain etait le quatrieme jour, et le jury avait la faculte de
cloturer les debats, en se declarant suffisamment instruit. En consequence,
sans donner aux accuses le temps de se defendre le jury demande la cloture
des debats. Camille entre en fureur, declare aux jures qu'ils sont des
assassins, et prend le peuple a temoin de cette iniquite. On l'entraine
alors avec ses compagnons d'infortune hors de la salle. Il resiste, et on
l'emporte de force. Pendant ce temps, Vadier, Vouland, parlent vivement aux
jures, qui, du reste, n'avaient pas besoin d'etre excites. Le president
Hermann et Fouquier les suivent dans leur salle. Hermann a l'audace de leur
dire qu'on a intercepte une lettre ecrite a l'etranger, qui prouve la
complicite de Danton avec la coalition. Tr
|