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oide qu'une statue de marbre, et completement evanouie. La nuit qui suivit fut sans sommeil pour nous deux. Je la sentais souffrir; tout son corps se raidissait de douleur. Il fallait tenir verticalement ce bras blesse, c'etait la recommandation de l'affreuse vieille, et elle souffrait moins ainsi. Je tenais moi-meme ce bras nu qui avait la fievre; toutes les fibres vibraient et tremblaient, je les sentais aboutir a cette coupure profonde et beante; il me semblait souffrir moi-meme, comme si ma propre chair eut ete coupee jusqu'a l'os et non la sienne. La lune eclairait des murailles nues, un plancher nu, une chambre vide; les meubles absents, les tables de planches grossieres depouillees de leurs couvertures de soie, eveillaient des idees de misere, de froid et de solitude; les chiens hurlaient au-dehors de cette maniere lugubre qui, en Turquie comme en France est reputee presage de mort; le vent sifflait a notre porte, ou gemissait tout doucement comme un vieillard qui va mourir. Son desespoir me faisait mal, il etait si profond et si resigne, qu'il eut attendri des pierres. J'etais tout pour elle, le seul qu'elle eut aime, et le seul qui l'eut jamais aimee, et j'allais la quitter pour ne plus revenir. --Pardon, Loti, disait-elle, de t'avoir donne ce tracas de me couper les doigts; je t'empeche de dormir. Mais dors, Loti, cela ne fait rien que je souffre, puisque c'est fini de moi-meme. --Ecoute, lui dis-je, Aziyade, ma bien-aimee, veux-tu que je revienne?... X Un moment apres, nous etions assis tous deux sur le bord de ce lit; je tenais toujours son bras blesse, et aussi sa tete affaiblie, et suivant la formule musulmane des serments solennels, je lui jurais de revenir. --Si tu es marie, Loti, disait-elle, cela ne fait rien. Je ne serai plus ta maitresse, je serai ta soeur. Marie-toi, Loti; c'est secondaire, cela! J'aime mieux ton ame. Te revoir seulement, c'est tout ce que je demande a Allah. Apres cela, je serai presque heureuse encore, je vivrai pour t'attendre, tout ne sera pas fini pour Aziyade. Ensuite, elle commenca a s'endormir tout doucement; le jour se mit a poindre, et je la laissai, comme de coutume avant le soleil, dormant d'un bon sommeil tranquille. XI 23 mars. J'allai a bord et je revins a la hate. Course de trois heures. J'annoncai a Aziyade un sursis de depart de deux jours. C'est peu, deux jours, quand ce sont les derniers de l'existence, et qu'il fa
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